mondes opposés. (thomas)

mondes opposés

@Thomas Stanford

Il était rentré. C’est fou, comme le temps passait vite lorsqu’il était absent … Tu revivais, et puis tu avais l’impression de te sentir mourir lorsqu’il repassait la porte. Evidemment, tu ne montrais rien. Tu jouais l’épouse ravie de revoir son mari après des jours d’absence. Il le fallait. Tu y étais forcée. Tu avais bien trop à perdre, bon sang, bien trop. Cela faisait des jours qu’il était là … et des jours que tu t’étais remise à rester enfermée. Ta sœur t’avait appelée, et tu avais refuser de la voir. Pourtant, aujourd’hui, alors qu’il venait de t’annoncer qu’il ne rentrait pas ce soir, qu’il serait absent jusqu’au lendemain soir, tu avais ressenti la subite envie de bouger. C’était ridicule, sans doute, parce que tu aurais pu choisir de profiter de ce court temps de liberté pour faire des tas de choses, pourtant, c’est vers Thomas que tes pensées s’étaient tournées. Il t’avait dit où le trouver. Du coup, tu avais pris ta voiture et tu avais quitté la sécurité, la richesse, l’opulence du premier district pour rejoindre le second, plus terne, plus sombre, bien moins accueillant. L’hôtel Delta. C’est ce qu’il avait dit, et c’est l’adresse de ce fameux hôtel que tu avais donc entrée dans le GPS. Tu l’avais trouvé plutôt facilement. Il était du côté soigné du district, là où les touristes affluaient.

La voiture garée, tu étais descendu et tu t’étais mise à chercher aux abords de l’hôtel. Des ruelles, il n’y en avait pas qu’une, malheureusement, et elles étaient toutes aussi … lugubres les unes que les autres. Est-ce qu’on pouvait vraiment vivre ici ? Tu ressers les pans de ta veste en jean, laissant un frisson parcourir ta colonne vertébrale tandis que tu continuais d’avancer lentement dans la ruelle, tes talons résonnant sur le sol sale.

mondes opposés

@Rylee Abercrombie

Thomas remonta son sac de couchage sur son nez. Il avait froid. Il se remettait tout juste d’un rhume et il se sentait encore légèrement faible. De plus, il avait mangé à peine dans les derniers jours et ses anticorps avaient fait un travail monstrueux pour le guérir et ça l’avait épuisé. Ça faisait deux jours qu’il ne quittait pas son lit improvisé. La petite Lucy et sa mère lui avaient apporté un demi sandwich la veille avec un fond de bouteille d’eau. Ça lui avait réellement fait du bien, mais il sentait qu’il avait encore besoin d’une bonne nuit de sommeil, mais il n’arrivait pas à fermer l’œil. Normal, il était encore tôt et la ville était encore active. Habituellement, Thomas en aurait profité pour essayer d’avoir la sympathie des gens, mais il n’avait pas envie. Il n’en pouvait plus de cette vie. Il voulait avancer, il voulait voir le bout. Depuis deux ans, il avait donné énormément et il avait reçu énormément également. Là, il aimerait juste trouver un travail, retrouver son identité et surtout retrouver sa vie. Ce n’était pas beaucoup demandé, non ? Sauf qu’il était malheureusement dans le cercle sans fin de la personne sans abri qui n’avait plus de maison et qui avait besoin d’une adresse pour obtenir un travail. Il avait essayé de se faire engager illégalement, il avait réussi une fois ou deux, mais ça n’aurait jamais suffi à avoir un appartement pour la simple et unique raison qu’il n’avait pas un travail officiel pour garantir une entrée d’argent. Bref… Les problèmes de logistique qui l’empêchait d’avancer même s’il avait toute la volonté du monde de le faire. Jamais Thomas n’aurait voulu descendre aussi bas, jamais il n’aurait pu le penser.

Un profond soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’il se redressa. Il dormait plus tard. Il n’était pas un capricieux du sommeil, mais il avait l’impression qu’il y avait un conflit dans le coin et qu’une bataille n’allait pas tarder à éclater. Thomas n’allait pas s’en mêler, il évitait généralement, il allait plutôt essayer de marcher un petit peu et peut-être voir à un endroit plus tranquille. Il reviendrait dans cette rue le lendemain. Mettant son sac de couchage sur son épaule, le sans-abri quitta le confort de sa ruelle pour se diriger vers la rue principale. C’est alors qu’une silhouette attira son attention. Il fronça les sourcils et entreprit de la suivre d’un pas rapide jusqu’à arriver à sa hauteur. Immédiatement, il la reconnut. « Bonsoir Mademoiselle. Puis-je vous aider ? » dit-il avant de rire doucement. C’était une façon comme une autre de débuter une conversation, non ?

le secret du bonheur est la liberté d'aimer.

@Thomas Stanford

Tu te sens oppressée. C’est plus fort que toi … tu n’y peux rien. Tu sais que tu n’es pas à ta place ici, petite princesse trop habituée à sa prison dorée. Bon sang, si William savait. Il désapprouverait, tu le savais bien. Il te ferait sans doute une leçon de moral en hurlant. Il irait même sans doute jusqu’à partir au travail avec tes propres clés de voiture, pour t’empêcher de sortir et de recommencer. Mais c’était plus fort que toi, hein. Tu ressentais l’envie de retrouver Thomas, juste parce qu’il te semblait être l’exact opposé de ton abruti de mari. Tu ne le connaissais pratiquement pas, pourtant, mais voilà, il t’avait semblé attentionné. Plus doux que William. Il s’était intéressé à toi, aussi. Pas seulement en surface. En une heure et quelques de conversation, il avait déjà creusé pour tenter de connaître et ça, pour toi du moins, ça n’avait pas de prix.

Au fond, tu savais que ce n’était pas bien, ce que tu faisais. William te trompait, tu en avais la certitude. Mais toi, tu n’étais pas comme ça. Alors, ça ajoutait un peu à ton malaise, parce que même si tu n’avais aucune intention de ce genre envers le sdf, ce que tu faisais, c’était quand même aller voir un autre homme dans le dos de ton mari.

Tu sursautes.
Tu étais plongée dans tes pensées. Tu n’as même pas entendu les pas derrière toi. C’est sa voix, qui t’a ramenée à la réalité, et surtout, qui t’as faite te retourner. Tu as senti l’angoisse monter, l’espace d’une seconde, mais tu as vite reconnu Thomas et la bouille inquiète que tu arborais à fait place à un sourire ravi. « Bonjour. » Tu ne sais même pas quoi dire, tiens. Tu pourrais dire que tu ne fais que passer, par hasard, mais tu viens du premier district. Il doit savoir que tu n’as rien à faire ici. Non … tu es là pour le voir, évidemment. « J’ai eu envie de … répondre à votre invitation. » Est-ce que s’en était vraiment une, la dernière fois ? C’est comme ça que tu l’as prise, en tout cas. « Vous avez … vous avez une petite mine. » Il est pâle, surtout. Les yeux un peu brillants aussi, comme s’il était malade. Alors, machinalement, tu viens poser ta main sur son front, comme on le fait si souvent aux enfants. « Vous avez de la fièvre ? »

mondes opposés

@Rylee Abercrombie

Un léger sourire presque fier se dessina sur ses lèvres lorsqu’il la vit sursauter. Thomas pouvait être un véritable gamin par moment. Même si son but premier n’avait pas été de lui faire peur, il trouvait la situation marrante. Lorsque la jolie Rylee se retourna vers lui et que son regard croisa celui du SDF, ce dernier porta maladroitement sa main dans ses cheveux comme pour les remettre en place. Ça ne servait à rien, ils étaient tellement sales… Il ne ressemblait à rien à côté d’elle. Normalement, il devrait en avoir honte, mais Rylee ne lui donnait pas ce sentiment, elle semblait le traiter exactement comme tout le monde. C’était un comportement que l’ancien militaire n’avait pas beaucoup remarqué dans les dernières années, surtout venant de ceux ayant une classe sociale élevée. Rylee était l’exception. « Oh vraiment ? » La surprise gagna son visage lorsqu’elle lui confia avoir accepté son invitation. « Je ne pensais pas que vous le feriez. Donc euh… Bienvenue chez moi ! » dit-il en désignant le décor autour de lui. Ce n’était pas son district favori, mais c’était de loin le plus facile où vivre. Les touristes étaient plus généreux que les habitants de Charney. D’ailleurs, l’homme n’avait toujours pas compris pourquoi il y avait autant de touristes dans cette ville jugée dangereuse avec un taux de criminalité aussi élevé. Les gens étaient curieux. C’était seulement de la curiosité. Ils voulaient se faire leur propre avis sur la place. « C’est si pire que ça ? » demanda-t-il en levant légèrement les yeux pour essayer de voir sa main posée sur son front. Cette douce et chaude main qui lui donna pratiquement un frisson. C’était un contact des plus anodins et pourtant, il réussit à le déstabiliser légèrement. Le brun cligna plusieurs fois des yeux et il haussa les épaules. « C’est le changement de température. Je crois que j’ai attrapé un mauvais rhume, mais ça va aller. » Il espérait que ça allait aller, car ça faisait plusieurs jours maintenant. Certes, il se sentait plus vivant qu’au début de sa maladie, mais il sentait que ça allait prendre un bon moment avant qu’il retrouve sa forme normale. Il était trop faible pour bien combattre cette maladie pourtant si banale pour la plupart des humains. « Et vous ? Vous me semblez en pleine forme. Votre nouveau sac à main également. » dit-il en faisant un signe de tête vers son nouveau sac faisant référence à sa dernière sacoche qui s’était brisée et qui avait mené à leur rencontre.