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Thomas Stanford
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Jeu 23 Aoû - 19:30
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Être au mauvais endroit au mauvais moment… C’était sans doute l’histoire de sa vie. Si seulement il arrivait à laisser les choses aller sans intervenir, il aurait eu moins de problèmes dans sa vie, mais ce n’était pas possible. C’était plus fort que lui. S’il pouvait intervenir, s’il pouvait venir en aide à quelqu’un, il le faisait sans hésiter. Il n’avait pas peur… Mais peut-être aurait-il dû avoir plus peur… Pas seulement aujourd’hui, mais également dans le passé. S’il n’avait pas laissé son impulsivité prendre le dessus, Thomas ne serait pas à la rue. Il le savait très bien, mais qu’est-ce qu’il aurait dû faire ? Se taire et laisser son lieutenant-général violer son amie ? Non, c’était impossible. Il ne pouvait même pas y penser. Même pas une seule seconde cette idée ne lui avait traversé l’esprit. Il avait frappé directement. Peut-être aurait-il dû l’arrêter et ne pas aller plus loin… Mais il n’avait pas pu. Il avait vu complètement noir… Et encore aujourd’hui… Il avait ce problème. Lorsqu’il se retrouvait devant une situation qui ne lui plaisait pas, il perdait le contrôle. Lorsqu’on tentait de s’en prendre aux gens qu’il appréciait, Thomas ne pouvait pas rester les bras croisés. Sauf qu’il n’avait plus la force et la carrure d’autre fois. Ça faisait deux ans qu’il était à la rue et qu’il ne mangeait presque pas. Sa masse musculaire avait fondu. Il était maintenant possible de « le casser en deux ». Thomas le savait, il en était conscient. Il ne faisait plus peur à personne. Il n’imposait plus le même respect que lorsqu’il portait son uniforme militaire, mais il avait gardé le même comportement. Il tenait à faire régner la justice et quand il avait vu cette armoire à glace s’attaquer à la mère de Lucie afin de lui prendre la moitié de sandwich qu’elle avait reçu, Thomas avait vu noir. Déjà que leur condition était des plus difficiles, il ne comprenait pas qu’on puisse leur mettre volontairement des bâtons dans les roues. Cet homme était bien habillé, il avait un téléphone intelligent, il avait des bijoux en or, mais il avait quand même décidé qu’il voulait la moitié de sandwich à deux dollars qu’avait récupéré Natasha. Thomas lui avait sauté dessus. Il avait laissé le bout de bois qu’il était en train de tailler au sol et il avait couru vers la femme et l’homme. Il avait commencé par donner une bonne droite à l’inconnu pour ainsi le faire reculer et permettre à Natasha de regagner la ruelle où se trouvait sa gamine. « T’aurais pas dû faire ça connard. » Il le savait déjà, mais trop tard. Immédiatement, l’inconnu le frappa une première fois. Thomas réussit à éviter à moitié le coup, mais pas le deuxième ni le troisième. Légèrement sonné, l’ancien militaire tenta de l’agripper par les jambes pour le faire tomber, mais les forces lui manquaient. Dire qu’à une époque, il aurait réussi sans problème même avec un homme deux fois plus gros que lui. Au lieu de ça, le SDF se prit un énorme coup de genou sous le menton qui le fit tomber au sol. Rapidement, il essaya de se relever, mais trop tard, le pied de l’inconnu s’abattit dans son ventre une fois, deux fois, trois fois… Le supplice dura quelques minutes, jusqu’à ce Thomas perdre connaissance. Son agresseur finit par prendre la fuite en courant laissant le sans-abri seul sur le trottoir. Le sang s’échappait du nez de Thomas ainsi que de sa bouche. Il avait de la difficulté à respirer correctement tellement la douleur lui lacerait les cotes, mais ce n’était pas grave. Il avait fait la bonne chose. Il se devait d’intervenir malgré la douleur qu’il ressentait à l’heure actuelle et son incapacité à bouger.

Helen Lewis
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Dim 26 Aoû - 20:04
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Toute personne normalement constituée profiterait de la fin de son service pour souffler, profiter un instant d'un bruit de porte qui se ferme sur une nouvelle journée et des see ya enthousiastes lancés à la volée par des collègues ayant retrouvé leur sourire. Ce n'était jamais le cas d'Helen. Déjà parce que personne ne lui parlait jamais d'autre chose que de médecine ; et que l'hôpital avait beau s'éloigner derrière elle, la maladie, elle, était partout. Chaque rue, chaque ruelle, chaque carrefour détaillaient avec précision les moindres recoins de son catalogue : les anémies, les carences, les infections, les MST, les rhumes... Tout ce que le General ne pouvait (ou ne voulait) contenir entre ses murs s'échouait là, et toute l'obsession maniaque d'Helen n'aurait rien pu y faire. Ne lisez pas ici la moindre volonté humaniste d'endosser toute la misère du monde, et encore moins de faire le bien. De respecter cette condition sine qua non de la vie citoyenne, à savoir l'assistance à personne en danger. Non. Il s'agissait bien ici de faire le job, comme on résout méthodiquement un problème mathématique. Etape par étape. Cas par cas. Helen s'apprêtait à glisser son casque sur ses oreilles, prête à passer son chemin musique à fond et regard hautain dévisageant tous ces patients imaginaires, quand des cris l'alertèrent. Ceux stridents d'une femme en fuite précédèrent les insultes graves de l'homme qui fuyait dans la même direction. Elle remarqua immédiatement ses phalanges luisantes de sang que l'atmosphère bouillante de cette chaude soirée d'été avait déjà transformé en croûtes noirâtres. « EH ! » l'invectiva-t-elle, peu avant qu'il ne disparût au prochain croisement. Quel abruti. Qui donc avait eu à souffrir la colère de ce rat d'égout en costume ? La victime inconsciente gisait sur un bout de trottoir au milieu des éclats de cadran et d'aiguilles que son agresseur avait perdus dans la bataille. Sa poitrine peinait à se soulever, comme encombrée par le poids des vêtements qui la recouvraient. En cet instant précis, tout son corps devait le tirailler. La jeune interne resta là une minute, peut-être deux, à observer la souffrance silencieuse de ce grand vaisseau en alerte. Seul lui pouvait entendre les innombrables alarmes de ses membres meurtris ; confusément bien sûr tant elles devaient le submerger, l'envahir, l'assaillir, au grès des fluctuations de son attention à leurs cris déchirants. S'interrompant dans sa réflexion macabre, la jeune interne avala  en quelques secondes la distance qui la séparait de la victime pour s'agenouiller près d'elle. Près de lui. Un mètre quatre vingt quelque chose, et deux jambes pas assez solides pour en supporter tout le poids. Des carences en fer, en calcium et probablement en vitamine C. Pouls faible. Respiration faible. Fièvre, un peu. Ses oreilles devaient probablement siffler. « Monsieur ? Est-ce que vous m'entendez ? » demanda--t-elle en vérifiant la réactivité de ses pupilles à l'aide d'une petite lampe. Trauma crânien superficiel, aucune plaie. Rien d'anormal. Juste un SDF, mal nourri et sale, crevé par l'effort. Pourtant, il y avait quelque chose, comme une décharge d'électricité statique, une étincelle qui lève un voile. « Monsieur... Stanford ? » Oui c'était bien lui. C'était le premier homme à qui elle avait brisé le cœur dans sa vie. D'une manière peut-être encore plus littérale que celle qu'on prête aux fins d'histoires d'amour. Les médecins, les internes, les bureaucrates : tout le monde avait échoué à sa mission, en laissant le cancer emporter la pauvre sœur de Theo ? Tommy ? Thorgal ? Terrence ? Quand toutes les machines furent débranchées, les procédures abandonnées, on lui demanda de quitter ces murs glacials. On le rendit à la vie alors qu'il venait de la perdre. Et c'était là qu'elle le retrouvait, preuve vivante des échecs du système. « Vous pensez pouvoir vous asseoir ? » Ses mains se glissèrent sous son dos et une de ses épaules, n'attendant qu'un signe de lui pour l'aider à se redresser.
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Jeu 6 Sep - 2:03
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Allongé au sol, Thomas avait énormément de difficulté à retrouver son souffle. Il ne savait pas ça faisait combien de temps qu’il était allongé là lorsqu’il crut entendre une voix. Il avait complètement perdu la notion du temps. La douleur avait pris possession de son corps et son esprit entier était concentré sur sa souffrance. Ce n’était pas la première fois qu’il souffrait dans sa vie, il s’était déjà battu, mais c’était l’une des rares fois qu’il n’avait pas le dessus sur son adversaire. Il n’appréciait pas le moment de faiblesse qu’il avait vécu. Il n’avait plus la force physique pour se défendre. Comment pourrait-il protéger son groupe s’il n’arrivait même plus à assigner des bons coups ? C’était frustrant pour un homme comme lui qui avait toujours fait attention à son corps et à sa forme physique. Lentement, il commença à retrouver ses esprits. Un grognement de douleur s’échappa de sa bouche lorsqu’il essaya directement de se lever. Il était trop tôt. Une forte lumière lui attaqua les yeux le forçant à détourner la tête. Une nouvelle fois, la voix lui parvint aux oreilles, mais cette fois, il comprit le sens de ses paroles. Elle connaissait son nom. Comment était-ce possible ? Il n’avait pas ses cartes d’identité sur lui. Il ne les avait plus. Il les avait échangés cet hiver contre une couverture. Thomas savait qu’il aurait des problèmes un jour, car une personne devait sûrement se faire passer pour lui à l’heure actuelle. Parfois, il se disait que ça serait mieux. La prison serait sans doute moins pénible que la rue.  « Ouais… C’est bon. » murmura-t-il non sans difficulté tandis que la jeune femme l’aida à s’asseoir. Lorsqu’il commença à se redresser, une horrible douleur l’envahie le faisant gémir avant de se laisser retomber lourdement contre le béton du trottoir. « Trop tôt… » Avoua-t-il finalement. Il n’aimait pas admettre ses faiblesses, mais il avait la nette impression d’avoir une ou deux côtes cassées. Ça aurait pu être pire. Au moins, il était vivant. L’homme se mit à tousser et détourna la tête avant de cracher du sang au sol. Le SDF soupira bruyamment et tourna la tête vers l’inconnue qui désirait l’aider. « Merci… » souffla-t-il posant finalement son regard sur la brunette. Il cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les étoiles qui dansaient encore devant son regard. Immédiatement, il fronça les sourcils. « Je vous connais… » murmura-t-il sentant une peine qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps prendre possession de lui. Ses pensées dévirent immédiatement vers sa jeune sœur et les longs mois qu’il avait passé à l’hôpital à espérer une bonne nouvelle. Bonne nouvelle qui n’était jamais arrivé laissant plutôt place à la une mauvaise nouvelle et une vide dans sa vie. « Je n’ai pas besoin d’aide. » dit-il plus froidement qu’il l’aurait voulu. Il n’en voulait pas particulièrement à cette jeune femme qui avait sûrement fait son possible, mais il s’était assuré de se tenir loin des hôpitaux après le décès de sa frangine. « Ça va aller, merci d’avoir arrêté. » C’était assez rare. Les gens qui s’arrêtaient pour un sans-abris, donc même s’il déclinait son offre, c’était important pour lui de la remercier. Il n’était peut-être pas en état pour décliner l’aide de qui ce soit, mais les souvenirs étaient douloureux.

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Lun 17 Sep - 19:20
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À chaque fois qu'il lui fallait interagir avec un autre être humain, quand bien même ce dernier était doué de langage, jusqu'à parfois parler la même langue qu'elle, Helen s'avouait vaincue. Un élément qu'elle ne parvenait à saisir se rajoutait à l'équation, rendant son interlocuteur absolument opaque, absolument incompréhensible. De nombreuses fois lui avait-on répété que toute charité serait récompensée, dûment honorée par la reconnaissance infinie de celui à qui elle avait porté assistance. Pourtant, le refus. Son premier, de mémoire d'homme. Elle était là, agenouillée près de Monsieur Stanford. Impuissante. Ses mains avaient cessé leur examen superficiel de ses côtes, qu'elle devinait fêlées, et se trouvaient maintenant tournées vers le ciel, complètement désarmées, tandis que dans sa tête, toutes ses synapses en émoi tentaient désespérément de compléter le rubik's cube que lui posait une telle attitude. « Mais pourquoi ? Je n'ai pas du tout fini de vous aider ! » finit-elle par lâcher d'une voix monocorde.  « Laissez moi faire, monsieur. Vous avez besoin d'aide, je le sais.  » Entre deux clignements d'yeux, elle put saisir un regard de sa part. N'avait-il que daigné le lui adresser, ou était-ce la douleur et la fatigue qui maintenaient ainsi ses paupières closes ? Dans son souvenir, Monsieur Stanford et sa sœur s'étaient révélés des patients très conciliants, toujours à l'écoute des avis médicaux. Il ne s'était pas écoulé pas un accord d'opération sans qu'ils ne signent. Pourquoi donc la rejetait-il maintenant ? Ça ne faisait aucun sens. Ou du moins, ça ne faisait aucun sens dans l'esprit d'Helen. Pas une seule seconde aurait-elle pu se douter être sa madeleine de Proust qui, loin de lui évoquer les souvenirs d'une heureuse et lointaine enfance, la mollesse un peu nulle du biscuit trempé dans un thé vert fumant (ou tout autre chose venant lui rappeler sa défunte sœur), devait lui faire à peu près le même effet qu'une crise d'appendicite. Foudroyante. Le genre de truc qui pliait en deux sa victime. C'était tout ce que devait être le visage d'Helen : un arrière-goût amer, coincé en travers de la gorge mais en plus acéré. Plus douloureux encore que la raclée qu'il venait d'essuyer. Mais à tout cela, Helen demeurait tout à fait imperméable. Dans son crâne se jouait l'oscillation dangereuse entre le je dois et le je ne devrai pas dont les internes étaient constamment bassinés. Combien de serments médicaux, de lois américaines et de contrats d'accord bafouait-elle si elle restait là, et reprenait ses soins ? « Bon. Puisque c'est comme ça... » finit-elle par lâcher. Elle retira son sac bandoulière de son épaule endolorie par son poids conséquent, afin de le glisser sous le crâne de Monsieur Stanford. De petits grêlons d'asphalte s'étaient glissés entre ses cheveux agglutinés par la saleté et la sueur. Pensivement, elle entreprit de les décrocher un à un, évitant soigneusement de croiser le regard de son patient malgré lui. « Vous ne voulez pas de mon aide parce je suis une femme et que vous êtes un homme ? ou parce que vous n'aimez juste pas qu'on vous aide ? Je crois qu'on appelle ça la fierté, ou la pudeur. Je ne sais pas trop. » Prononcée Helen, cette question en était une vraie. Une vraie interrogation, preuve de toutes ses angoisses et de toutes ses incompréhensions. Non par envie de bien faire, mais par envie de comprendre. Les mains d'un chirurgien étaient pour son sûr son outil, son gagne-pain et pourtant celles d'Helen demeuraient oisives croisées sur ses genoux une fois sa besogne achevée — elle resterait ainsi, bien qu'elle avait senti ses côtes fêlées et sa fièvre légère qui le rongeait de l'intérieur, à force de trop peu manger.
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Dim 14 Oct - 5:06
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Thomas n’était pas quelqu’un de méchant, mais il se croyait peut-être plus fort de ce qu’il était réellement. Il ne contrôlait pas tout même s’il tentait de se faire croire le contraire. Il avait sauté sur cet homme en pensant avoir le dessus et pouvoir lui mettre la raclée qu’il méritait. Au lieu de ça, c’est lui qui se trouvait allongé au sol avec un corps entièrement endoloris. Il avait mal partout. Ça lui rappelait ses premiers entraînements militaires où il s’était découvert des muscles cachés jusqu’à maintenant. Et tandis qu’il allait se résigner à se laisser aider, son regard avait croisé celui de la jeune femme. Son nom lui échappait, après tout, il avait croisé tellement de médecins et d’infirmiers pendant les mois d’hospitalisation de sa frangine, mais il n’avait pas oublié son visage. Premièrement, car il la trouvait magnifique. Certes, il ne lui avait jamais dit directement, mais ça ne l’avait jamais empêché de le penser. Et deuxièmement, car elle avait quelque chose que les autres n’avaient pas. Sa sœur l’avait trouvé limite froide et en manque de compassion, mais Thomas savait que c’était plus que ça. C’était peut-être une façon de se protéger ? Pour avoir vu des choses horribles également, Thomas avait appris à se forger une carapace lorsqu’il avait été au front. Après tout, il avait vu certains de ses amis mourir devant ses yeux et ne pas avoir le temps de les pleurer. Il fallait continuer. Le domaine médical devait être très difficile émotionnellement parlant. Thomas ne lui en voulait pas… Il ne lui en voulait pas directement à elle. Il en voulait à tout le monde pour la perte de sa sœur qui était la femme la plus importante dans sa vie. Il s’en voulait à lui également de ne pas avoir eu l’argent nécessaire pour lui payer les essais cliniques au Canada. Peut-être aurait-elle eu une chance de plus de survivre, mais Thomas n’avait pas réussi à obtenir le crédit pour lui offrir cette chance supplémentaire. Les médecins, les infirmiers, le concierge de l’hôpital, lui, le voisin, la vie entière étaient tous des responsables de sa douleur.

Encore sonné par les coups reçus, Thomas ne remarqua pas que la jeune femme semblait complètement perdu par son refus. Et étrangement, elle ne quitta pas comme n’importe qui l’aurait fait. Elle tentait plutôt de comprendre pourquoi il lui demandait de le laisser. « Ça va aller je vous dis… J’ai juste eu quelques mauvais coups. Ça va passer. » Sa respiration était très lourde alors qu’il avait du mal à s’exprimer correctement. C’était sans doute pire de ce qu’il voulait le croire et il ne se plaint même pas lorsque la femme prit son sac afin de lui mettre derrière la tête. Il poussa uniquement un léger gémissement de douleur et ferma doucement les yeux. Il pouvait sentir sa main dans ses cheveux lui retirer les saletés qui s’y étaient logés. « Quoi ? Non, ça n’a rien à voir ! » s’exclama-t-il trop brusquement, il avait été surpris par la question. Il avait même tenté de se redresser rapidement pour croiser le regard de la jeune femme, mais la douleur trop vive l’avait forcé à reposer sa tête sur le sac. Il n’était pas sexiste et il ne voulait pas que l’infirmière le pense. « C’est de l’orgueil. J’crois bien qu’il y a un mélange de fierté aussi… » confia-t-il dans un murmure. « Je préfère aider que d’être aidé. » Il suffisait de le connaître un minimum pour le savoir. Il donnait pratiquement tout ce qu’il trouvait aux gens de sa communauté. « Mais mon état est plus grave que je le pense, hen ? C’est ça ? » demanda-t-il finalement. Il n’arrivait pas réellement à déchiffrer cette femme. De plus, il voyait légèrement flou, il n’arrivait pas à voir correctement ses yeux. « Vous allez me dire que je dois mettre mon orgueil masculine de côté ? » Il grogna légèrement. Il ne savait pas si cette idée lui plaisait, mais était-ce vraiment un choix qui s’offrait à lui ? Il avait mal et il n’avait pas l’impression que la douleur allait s’estomper toute seule. Ce mec ne l’avait pas raté.

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Ven 26 Oct - 11:35
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Helen était toujours penchée sur sa victime, retirant pensivement de ses doigts les miettes d'asphalte et autres saletés agglutinées dans la chevelure brune de celui-ci. Oh ! Cela ne l'empêchait d'écouter avec attention ; ses yeux refusaient tout simplement d'admettre à quel point elle était perdue, et fixait donc à moitié dans le vide un point flou pour éviter son regard. C'était peut-être ça, la fierté dont il parlait ? Peut-être qu'ils ressentaient chacun la même chose, mais de part et d'autre d'une frontière si étanche qu'elle les coupait du reste du monde ? « Je crois comprendre. À peu près. » glissa-t-elle. En fait non, elle n'avait pas tout compris. « Sauf que... C'est clairement vous qui avez besoin d'aide là. Vous n'arrivez juste pas à lâcher prise ? » Face à cette tâche, pourtant inhérente à sa profession de médecin, Helen demeurait coite et impuissante. L'empathie, se mettre à la place de quelqu'un, et faire sienne la souffrance de ce dernier, alors qu'il nous est radicalement étranger. Comment pouvait-on seulement en faire la condition sine qua non d'un bon praticien, que de s'emparer d'une douleur qui n'est pas la nôtre, alors même qu'agoniser dans la rue ou sur un lit d'hôpital, c'était déjà être privé de tout ? Et puis pourquoi vouloir souffrir pour les autres, quand sa propre vie était déjà si compliquée ? Le détachement d'Helen n'était qu'en de rares occasions loué... Peut-être parce qu'il était excessif. Mais face aux personnes sans domicile fixe, c'était souvent à elle que l'on faisait appel. Emmurée dans son silence, capable d'aller contre toutes les intuitions humaines, elle avait cet instinct de ne pas insister quand ses patients refusaient tout soin, quand bien même c'était là la promesse d'un repas chaud, d'une nuit dans un vrai lit, un vrai matelas, et d'une douche à l'eau potable. « C'est plus grave que ça n'en a l'air, oui. » Elle n'allait pas mentir comme les médecins lui avaient déjà menti au sujet de sa défunte sœur. Elle lui devait bien ça. « L'autre connard vous a bien amoché. Trauma crânien, perte de connaissance, pas de saignement mais d'habitude, on recommande de rester en observation... à l'hôpital. Mais je pense que vous n'avez aucune envie d'y retourner. » Et elle le comprenait parfaitement. Il avait du y passer des heures, qui s'égrenaient avec une telle lenteur... Un vrai supplice qu'elle ne pouvait qu'effleurer par la pensée. Elle se revoyait marcher résolument vers sa haute silhouette plantée au milieu d'un couloir, tous muscles tendus et battant au rythme de ses veines. Profitant de son regard perdu dans le vide de ses anxiétés, elle en avait admiré la perfection et la majesté, car bien que les traits tirés et le visage rendu pâle par sa la fatigue et l'inquiétude, ce corps masculin avait été le dernier vestige de sa gloire passée. Il conservait encore aujourd'hui les traces, il était resté beau, malgré la fatigue et la malnutrition.   « Donc je vais rester avec vous, jusqu'à ce que j'estime que tout va mieux. Est-ce que vous avez un coin à vous par ici ? » demanda-t-elle résolue en le regardant directement. S'il fallait qu'elle restât ici toute la nuit, alors elle le ferait. C'était la procédure : trauma crânien, une nuit en observation. Point barre. Aucune contestation ne pourrait la faire changer d'avis.
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Mar 30 Oct - 2:55
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Lâcher prise… C’était le bon mot. Ce n’était pas facile pour un homme comme lui qui n’avait pas l’habitude de se faire coucher au tapis. Il avait toujours été très doué dans les combats physiques et il était un adversaire redoutable lorsqu’il était dans l’armée. « Je n’ai pas besoin d’aide. Je suis sûr que je suis en mesure de lever et de courir un demi-marathon. » Son ton était légèrement taquin. C’était une façon indirecte de dire qu’il acceptait son aide, mais il ne pourrait pas le dire directement. C’était trop difficile pour lui de l’admettre, mais il acceptait de se laisser faire. Contrairement à ce qu’il disait, il ne se sentait même pas en mesure de se lever. Alors courir ? Encore moins. Même sans avoir été battu, il n’aurait pas pu faire la moitié d’un marathon. Il ne mangeait pas suffisamment pour avoir la force nécessaire. Même faire quelques kilomètres seraient pénible alors qu’avant, il pouvait courir facilement sans réellement réfléchir. Une bouteille d’eau, ses chaussures de sport et voilà, il pouvait courir autant qu’il le désirait. Tout avait trop changé.

Sauf que le SDF n’était pas bête. Il voyait bien aux yeux de la jeune femme qu’il ne sortait pas de ce combat aussi bien que prévu. Au moins, il avait conservé toutes ses dents. C’était sans doute le seul point positif de la chose. « Même si j’avais envie d’y retourner, comme vous pouvez le constater, je n’ai plus les moyens. Je n’ai jamais réellement eu les moyens. » Il soupira doucement à cette demi-confidence. C’était pour cette raison qu’il était à la rue aujourd’hui. À trop vouloir aider les autres, il avait fini par se brûler les ailes. « Je devine que je n’ai pas le choix. Vous allez devoir me supporter un moment, j’espère que vous allez y parvenir. » Même s’il se sentait étrange, ça ne l’empêchait pas d’essayer de faire un peu d’humour afin de détendre l’atmosphère, mais surtout pour cacher son véritable état. En vrai, il avait seulement envie de dormir en ce moment, mais il savait qu’il ne devait pas. « Toute la rue est ma maison. Je n’ai pas de coin particulier, c’est bien ici, non ? » Bon… C’était une rue plutôt qu’une ruelle et il y avait plusieurs personnes qui passaient près d’eux depuis tout à l’heure, mais Thomas ne se sentait pas de bouger. « J’ai la tête qui tourne. » dit-il. Ça ne devait pas être une réelle surprise voire c’était même normal devant son état, mais il avait ressenti le besoin de le préciser. « Je suis fatigué. » ajouta-t-il d’une voix basse en sentant ses yeux se fermer. Il savait qu’il ne devait pas et qu’Helen allait lui reprocher dans les prochaines secondes, mais c’était plus fort que lui.

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Mer 21 Nov - 11:15

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Les narines, le front et les yeux d'Helen se plissèrent dans une expression unifiée de désapprobation et de sévérité. « Non ! Vous ne devez absolument pas courir dans votre état. Vos carences sont très importantes et vous vous écroulerez après deux mètres ! » s'écria-t-elle très sérieusement et plongeant son regard dans celui de monsieur Stanford, tentant de lui signifier qu'elle l'en empêcherait par tous les moyens. C'était là la seule démonstration de délicatesse dont Helen pouvait faire preuve. Elle ne savait pas ménager ni les gens ni ses patients, y compris quand ceux-ci se trouvaient à l'article de la mort, sans grande chance d'en échapper. Quand elle s'en rendait compte, elle s'en voulait autant qu'elle en était capable, mais ce n'était pas le cas ici. Elle se contenta de réajuster sa position avec douceur afin de faire revenir le sang dans ses jambes. « Va pour ici, c'est très bien. » dit-elle, de toute façon consciente de ne pas être capable de le transporter seule. « Est-ce que vous avez froid ? Soif ? Faim ? » Elle savait que son sac regorgeait d'artefacts savamment compartimentés dans ses poches de cuir : un pull supplémentaire, sa salade inachevée de ce midi, une pomme et une bouteille d'eau. La complète armurerie du chirurgien interne. « J'ai de quoi faire dans mon sac. » À peine avait-elle terminé de parler que son convalescent tournait de l'oeil. Elle vit ses paupières se fermer résolument après qu'il se soit plaint de vertiges, comme on chute dans un sommeil sombre et sans rêve après une dure journée riche en rebondissement. Or son état de santé alarma immédiatement la jeune femme, qui ne pouvait conclure à ce qu'il se soit simplement endormi. « Non non non non !! Monsieur Stanford ? Monsieur Stanford, vous m'entendez ?! » cria-t-elle en extirpa ses jambes de dessous sa tête, et reposant cette dernière délicatement sur le bitume. Tout en continuant de l'appeler, de le supplier d'ouvrir les yeux, elle examina la réactivité de ses pupilles à l'aide de sa petite lampe, prit son pouls et détailla la surface de son crâne. Elle n'y trouva aucune plaie, aucune trace de sang, mais elle ne pouvait que craindre les dommages internes que pouvait causer des coups d'une telle violence. Or, elle était impuissante, sans matériel ni instruments, réticente à appeler au secours sans son accord... Elle se résolut à attendre encore, à le veiller une vingtaine de minutes supplémentaires, et s'il venait à ne pas se réveiller, à engager les moyens nécessaires. « Restez éveillé, surtout ne vous endormez pas ! Ecouter ma voix, suivez ma voix. » dit-elle. Ses genoux retrouvèrent leur place sous la tête dodelinante de Stanford, et elle lui prit la main, la serra dans la sienne en attendant qu'elle lui réponde. Puis elle se mit à parler, à raconter des choses, pour que jamais ne s'interrompe le fil ténu qui le raccrochait à la conscience. « Mon nom est Helen Lewis, j'ai trente ans, et je suis médecin. J'ai été en charge des examens menés sur votre sœur, je ne me suis souviens plus de son prénom, désolée. Mais vous il me semble que c'est Thomas. Si vous pouviez vous réveiller, ce serait vraiment chouette, je serai rassurée, et je vous pourrai vous aider à marcher. Vous ne pouvez pas passer la nuit dehors, c'est impensable. » Elle poursuivit sa tirade, inlassablement, laissant le flot de ses pensées affluer à sa bouche, dans l'attente. Dès qu'il se réveillerait, elle avait résolu de demander un taxi afin de le transporter jusqu'à son appartement. Il ne voulait ni ne pouvait aller à l'hôpital, cet hôpital qui lui avait tout pris, de sa sœur à ses possessions terrestres. Elle dormirait sur le canapé, et aurait au moins de quoi s'assurer qu'il aille bien. Qu'il passât la nuit.
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