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Je pourrais vous faire un bref résumé de ma vie, vous dire à quel point j'ai toujours été un jeune homme brillant et sûr de moi, mais ce serait arrogant de ma part, bien que je le sois. La vérité, c'est que même si j'ai eu la chance de naître dans l'une de ces familles américaines bien pensant et plutôt aisée… La vie ne s'en est pas trouvée facile pour autant. L'argent ne fait pas tout, mais il influence grandement l'éducation, tout comme le cadre familial aide à forger le caractère. En somme je pourrais laisser votre imagination faire le travail et deviner quelle enfance j'ai eu, mais il y a fort à parier que pour la majorité d'entre vous ce soit un exercice quelque peu difficile. Je vous avais prévenu que j'étais arrogant, cela ne m'a jamais empêcher d'être un bon flic et de monter les échelons. Même si ce sont d'autres échelons que mon père aurait voulu me voir gravir. En effet, je viens d'une famille de militaires. De père en fils, nous nous engageons pour quelque chose de bien plus grand que nous, pour l'honneur et la gloire de notre pays. Alors oui, à dix huit ans je me suis engagé dans l'US Army pour faire mes classes, devenir un homme selon les dires de mon paternel. Je ne regrette pas de l'avoir fait et j'avoue, avec une certaine nostalgie, que parfois ce temps là me manque. Sauf peut-être les insultes de nos instructeurs pour « bouger vos culs de *censure* bande de *censure* ». C'est sans doute là-bas que j'ai le plus appris à varier les plaisirs en terme d'association de jurons.

Mon père avait raison en un sens, ça m'a forgé le caractère et j'ai aussi appris l'esprit d'équipe, de camaraderie. J'étais le connard attachant, celui qui veillait sur ses frères d'armes mais le premier à leur tomber dessus si jamais les choses se passaient mal pour le reste du groupe. Un leader en somme. J'étais promis à une belle carrière et même si cela me plaisait assez, je ne me voyais pas faire ça toute ma vie. Alors après quatre années de bons et loyaux services, j'ai quitté les rangs pour retourner à la vie civile avec l'envie tenace de continuer à faire quelque chose d'utile. Le FBI me faisait les yeux doux, mais j'étais lasse à l'idée de devoir suivre une formation à Quantico. Les force de l'ordre me semblaient beaucoup plus appropriées pour la poursuite de ma carrière.

A présent tu aimerais que je te raconte comment je suis devenu Capitaine n'est-ce pas ? Personnellement ce n'est pas vraiment l'envie qui m'étouffe, il n'y a rien d'incroyable, ce n'est qu'une question de persévérance et de sacrifices. Beaucoup d'heures passées au bureau ou sur le terrain, pour un salaire pas toujours mirobolant. Mais comme je l'ai déjà dit, quand on passe plus de temps au travail qu'à la maison, on finit par faire pas mal d'économie. De quoi… s'acheter un vélo de course et devenir un bricoleur invétéré. Il est vrai que je ne sais pas vraiment lever le pied, même quand je suis en congés j'ai besoin d'être actif. Vélo, course à pied, natation, musculation… On m'a souvent demandé pourquoi je ne faisais pas de triathlon ! Aujourd'hui j'ai une bonne excuse, j'ai des enfants. Oui je sais, tu t'attendais à quelque chose d'un peu plus épique, d'une enquête comme on en voit des centaines dans les séries policières. Hélas dans la vraie vie, on arrive pas toujours à mettre les méchants derrière les barreaux, parfois on s'arrache les cheveux pour trouver le moindre indice qui pourrait permettre de mettre en lumière une affaire sordide. Je te rassure, je suis encore loin d'avoir une calvitie. Je crois qu'il faut surtout apprendre à échouer, à ne pas voir l'échec comme quelque chose qui fait de nous un être humain minable – même si cela doit être le cas pour certains. Alors non, désolé, mais pour l'heure je ne rendrais aucune enquête public, on sait tous que les médias ont la fâcheuse tendance à déformer la vérité, alors je ne leur ferais pas ce plaisir. Maintenant si tu le permets, j'ai du travail. Mais promis, la prochaine fois qu'on se parlera, tu auras le droit de voir qui je suis vraiment et je ne suis pas certain que cela te plaira...