(Dante) Don't mess with the manager.

- Le nom d'Alvarez a fait frémir pendant des années Tijuana et sa soeur américaine, San Diego. Ancien ponte de la pègre mexicaine, il était connu sous le nom de "El leon". Sa loyauté était réputée à toute épreuve et personne n'a jamais douté de lui. Dante était un membre froid et détaché, ne se laissant jamais envahir par des émotions qu'il considère volontiers comme des faiblesses. Dealer intraitable, exécuteur inflexible, bourreau insensible, il a gravi tous les échelons sans souffrir d'aucune résistance ni difficulté. C'est un roc impénétrable et indéchiffrable, une lame affûtée et mortelle pour qui sait la manier, un être aux réactions parfaitement imprévisibles. "El leon" a été au sommet de la chaîne alimentaire et c'est presque palpable quand le masque du gérant de bar sympa se fendille.
- Dante n'a nul besoin d'élever le ton pour se faire entendre. Un changement d'attitude subtil qui n'échappera pas aux instincts de survie et aux cerveaux reptiliens suffit la plupart du temps à calmer les ardeurs. C'est une aura très particulière qui se dégage de Dante, l'homme est sûr de lui et ne semble pas connaître l'hésitation ou la peur. C'est indéniable, il a vu l'Enfer, y a vécu, s'y est fait une place et en est sorti. Mais il en a ramené des ténèbres dont il ne pourra jamais se débarrasser. Malgré son statut de presque quinquagénaire, l'homme reste toujours ce fauve mortellement dangereux, aussi prompt à fondre sur une proie qu'à se tapir dans l'ombre en sachant attendre son heure. "El leon" s'est peut-être retiré de tout trafic mais sa réputation le précède et personne ne serait surpris de dénicher un cadavre sous ses pieds de tomates.
- Alvarez, contre toute attente, possède une certaine morale; la faute à une génitrice pleine de principes catholiques dont il n'a jamais pu se séparer. Salaud et enfant de salaud, "El leon" a vendu des armes, de la drogue, il a battu, torturé, tué mais n'a toutefois jamais frayé dans le domaine de la prostitution de son plein gré. Il abhorre cette pratique plus que tout autre crime et ne s'y ai jamais investi. A Tijuana, il fut un temps videur dans un bordel mais on l'y retira rapidement, Dante avait trop tendance à tabasser les clients violents avec les filles, peu lui importait le prix que ces derniers avaient pu mettre. Si sa conscience s'est toujours accommodée de la vente d'armes ou de drogues en se disant que c'est le client qui a pris sa propre décision, le proxénétisme c'est autre chose. Et puis, il a une fille...et c'est le regard de son propre enfant qu'il voyait dans celui de ces jeunes femmes réduites à l'état d'objet.
- D'ailleurs, cette fille âgée de 23 ans est un secret extrêmement bien gardé. Nul n'a connaissance de la paternité de Dante. Il a préféré éloigner la mère et son foetus avant que la grossesse ne soit visible et que cela devienne un moyen de pression sur lui. Aux dernières nouvelles, son unique enfant vit à New York et poursuivrait des études de droit. Alvarez préfère rester dans l'ombre et l'anonymat, sacrifiant le lien familial pour que son enfant unique ai une vie "normale" mais il garde un oeil sur elle grâce à des faveurs que lui doivent beaucoup de malfrats.
- Dante a fait de nombreux séjours en prison et ce, dès son plus jeune âge. Peu cultivé (à son grand regret), il a toutefois développé une intelligence vive et un don pour l'adaptation quasi instinctif. Même s'il a vendu pléthore de substances psychotropes, il n'a jamais touché à ses produits. Par contre, il fume et boit trop; plus durant ses insomnies chroniques.
- Après des décennies de bons et loyaux services, après être parvenu à se hisser dans les hautes sphères des trafiquants mexicains, Dante a mérité son droit à l'oubli. Il a cédé toutes ses anciennes possessions, soldé tous ses comptes, préparé sa relève et il a mis les bouts sans cérémonie ni adieux. A la tête d'une petite fortune confortable, il a abandonné Tijuana et San Diego où il oeuvrait et a remonté la côte jusqu'à Charney. Il y a fait l'acquisition d'un bar disposant d'un appartement au-dessus qu'il habite et d'un petit jardin qu'il cultive comme un senior presque normal. Mais la pourriture attirant la pourriture, il a vite senti que l'endroit était putréfié jusqu'à la moelle, rongé par des êtres qu'il ne connaît que trop bien pour en avoir côtoyé une tapée et formé une flopée.
- Dante a beau être "à la retraite", il ne s'est pas débarrassé de ses armes de prédilection. Il en a plusieurs, certaines sous clé dans un coffre, d'autres dans des cachettes un peu partout dans son bar et son appartement. Son ancienne vie a modelé une paranoïa et une certitude que les choses tourneront mal à un moment ou à un autre et Dante, en bon survivant de l'enfer, s'efforce de pallier à toute situation.