Trop peu de bonnes fées et voilà le résultat.

Le bruit d'une cavalcade dans la nuit, des poubelles renversées, des invectives et des mises en garde tel fut le décor prélude des pires heures de Jack. Même si elle connaissait plutôt bien le quartier, avoir les flics au cul n'aidait pas à se concentrer sur le chemin le plus efficace pour leur échapper. Ce fut comme cela qu'elle se retrouva dans une impasse. L'adolescente de 15 ans s'élança pour prendre une impulsion sur une des grosses poubelles afin de tenter d'atteindre le rebord du mur et passer tranquillement de l'autre côté. Pas de chance, un flic la choppa en pleine envolée à la façon d'un Linebacker. Un magnifique sack qui coupa le souffle de la gamine qui se retrouva face conte terre avec le fringuant policier sur le dos. Un léger essoufflement montrait qu'il avait fournit des efforts pour la rattraper. Jack ne comprenait pas pourquoi il s'était donné tant de mal pour l'arrêter, elle la gosse qui ne faisait que graffer sur la façade d'un immeuble condamné. Malgré la douleur dû à sa chute et le souffle court et haché par les efforts déployés pour fuir la flicaille, elle lâcha une bordée de doux mots.

"Cabrón ! Hijo de puta ! Lâche-moi !"

Le jeune policier n'eut pas le temps de répondre que la voiture de patrouille d'un collègue arriva et braqua ses phares en plein dans les yeux de la remuante adolescente. Un flic bedonnant sortit du véhicule et ricana devant l'énergie que la gamine déployait pour tenter de faire lâcher prise son geôlier. Il apporta son aide au jeune flic pour passer les bracelets à la jeune femme.

"Tient toi tranquille gamine. C'est finit !"

Le ton était plutôt narquois. Aussitôt, Jack se demanda ce qui allait lui arriver. Il n'était pas rare que des flics véreux choppent des gamines dans la rue pour les refourguer à des gangs ou aux mafias. En observant le gros lard qui conduisait la bagnole de patrouille, elle se disait que c'était tout à fait le genre de ce type. Par contre, le jeune semblait encore tout frais dans la profession. Certainement qu'il était encore idéaliste. Jack en conclus que c'était certainement ce qui l'avait sauvée. Elle se retrouva au poste, dans une pièce d'interrogatoire avec une assistante sociale face à elle. Une bourge bien sapée qui faisait sérieux avec ses lunettes. Un sourire s’esquissa sur les lèvres de la gamine à l'idée que c'était en faite un grosse chienne en chaleur sous ses airs strictes. Sourire qui disparu quand la femme se mit à lui parler.

"Comment tu t'appelles ?"

"Jack !"

La femme secoua la tête. Alors qu'elle allait reprendre la parole pour pousser un peu plus son questionnement, une fliquette arriva avec une sorte de dossier. La "secrétaire" jeta un œil dessus sans montrer la moindre émotion.

"Jacquelyne Estevez.  15 ans et orpheline. Je vois que tu n'es pas à ta première arrestation. C'est triste de voir la jeunesse prendre le mauvais chemin."

L'adolescente garda le silence et se contenta de hausser des épaules devant la mine réprobatrice de son interlocutrice. La "secrétaire" continua la discutions toute seule, l'adolescente se contentant juste d'une gestuelle jem'enfoutiste et de quelques onomatopées. Ce fut comme cela qu'elle se retrouva dans un foyer pour adolescentes difficiles avec des règles dignes d'une prison. Maison dont elle fugua seulement une semaine après son arrivée malgré la surveillance accrue dont elle faisait l'objet.

La rue ou plutôt les rues de Miami état de Floride étaient son univers depuis sa plus tendre enfance. Jack y naviguait comme un poisson dans l'eau. Elle connaissait les codes, les règles et tout l'implicite. Cependant, la vie avait parfois une drôle de façon de vous mettre le nez dans la merde. Comme cela, juste pour rire. Peut-être que le destin trouvait qu'il fallait casser les habitudes, qu'il fallait mettre un peu de vie dans la routine des gens. Dans tous les cas, Jack en bava.

A peine avait-elle réussit à mettre les voiles de son centre pour fugueuses aka adolescentes difficiles aka délinquantes en devenir, etc, qu'elle tomba sur un type qui puait les emmerdes. Pas de chance pour la brunette qui ne l'avait pas remarqué plutôt. Il lui tomba dessus par surprise et la plaqua contre le mur. La pression de ses puissantes mains empêchait l'adolescente de pouvoir se débattre efficacement. Le visage écrasé contre le mur de brique, elle ne pouvait le voir, mais pouvait parfaitement sentir son haleine alcoolisée, ses grosses paluches la tripoter. Elle put même sentir son haleine fétide quand il vint renifler ses cheveux. Encore un malade pensa-t-elle. Mais elle fut rapidement détrompée par la voix rocailleuse du type qui s'était teintée d'une certaine joie malsaine.

"'Je crois que la patron va t'adorer. Tu vas rapporter un paquet de fric. J'espère qu'il va me confier la mission de t'éduquer."

Il parti d'un rire guttural et cynique au possible. Pas prête à rendre les armes, ni à pleurer ou supplier pour une clémence qui devait même pas figurer dans le lexique de ce type, Jack prit le ton le plus agressif et arrogant possible.

"Profite bien pour mater mon cul ... Car tu n'y touchera pas caraculo !"

Elle s'attendait à se faire frapper et s'y était préparée. Au lieu de cela, elle sentit la pression de la pogne gigantesque de l'homme se relâcher en même temps qu'un bruit mat. Comme si un objet avait fracassé le crane de son agresseur. En se retournant, elle vit un type tenant un vieux tuyaux de plomberie tout rouillé. A ses pieds, son agresseur dont le visage baignait dans une marre de sang. Un peu revancharde, Jack asséna plusieurs violents coups de pieds dans la tronche du rouquin qui en voulait à son cul. Le bruit caractéristique des os se brisant ne la fit pas arrêter et ce fut son sauveur qui l'arrêta. Non seulement cet homme l'avait sauvée, mais en plus il venait de l'empêcher de devenir une meurtrière. Malgré tout, Jack se demandait ce que ce type voulait d'elle. La réponse fut surprenante. RIEN ! Il lui tourna le dos et partit sans rien dire.

Ne sachant pas vraiment pourquoi, Jack se mit à suivre son sauveur jusqu'à sa planque. Celle d'un petit gang de Miami. Elle arqua un sourcils devant cette révélation. Comment ce type si fort, plein d'assurance et tout ça pouvait traîner avec une telle bande de manche à couille. Prenant son courage à deux mains, elle se dirigea vers la planque et passa sous le nez d'un des gardes avec un tel aplomb qu'il ne réalisa pas tout de suite qu'elle était une intruse. Puis, ce fut la course poursuite pour échapper aux cerbères et retrouver ce type. Elle se planta face à lui quand elle le retrouva.

"J'paye toujours mes dettes hombre. Alors qu'est-ce que t'attends de moi ?"

Depuis ce jour, Jack resta en compagnie de ce type étrange qui dénotait des autres membres du gang. Pour se rendre utile, elle dealait un peu pour le compte du gang, mais dès qu'elle avait un peu de temps, elle filait graffer les murs de la ville afin d'exprimer ses sentiments, ses griefs, sa vision du monde. Cela fait maintenant 5 ans qu'elle traîne avec ces sacs à merde juste parce qu'elle a accordé sa confiance et sa loyauté à Jo. Ce fut cette loyauté qui la conduisit à venir faire un tour à Charney.