Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Aller en bas
William Hemingway
William Hemingway
always be sweety
Avatar : Mads Mikelsen
Messages : 49
Ici depuis le : 30/08/2018
Points : 202
Réputation : 5

It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them Empty It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them

Mer 19 Sep - 8:33
Une voiture passe, de temps en temps, dans ces rues abandonnées. Les quelques lampadaires présents diffusent une clarté insuffisante pour repousser l’obscurité. Certains, lassés, se sont même éteints alors que d’autres ne diffusent qu’une lueur blanchâtre, si diffuse que l’on se croirait plongés en plein brouillard. L’air est humide, je le sens quand je passe une main dans mes cheveux grisés ou en sentant Rubis se rouler contre moi : ses ronronnements m’arrachent un sourire. Nous n’allons probablement pas passer la nuit ici et me voilà occupé à replier mon lit improvisé, un tapis un peu épais que je roule pour le glisser dans mon sac avec ma couverture. Les chiens sont près de moi : Glas est allongé, paisible, pour une fois. Il apprécie ces rues désertes où aucun mouvement ne l’alerte, sans qu’aucun son ne l’agresse. Râ, sensible à ce que je peux ressentir, se contente de faire quelques pas : ses oreilles levées, il fait le guet. En cette heure tardive, Dingo fatigue : il n’aboie plus, ne saute plus, mais vient simplement poser sa tête contre ma cuisse dans un petit son plaintif. Lila, elle, se tient à l’écart, assise, fièrement, le port droit et son regard empli de jugement posé sur moi. Elle se demande probablement pourquoi je range mes affaires à peine installé et je ne peux lui donner tort… Mais comment lui expliquer que l’humidité me dérange plus qu’eux, dont la fourrure protectrice est une formidable armure ? Je souris avec tendresse et je marche jusqu’à elle, espérant qu’une caresse la déride. Lila me laisse faire, s’ébroue, puis se lève alors que je me remets en marche. Il est difficile de convaincre Glas de se lever, bien qu’il finisse par se redresser dans un grondement agacé digne d’un homme d’une trentaine d’années, avachi sur son canapé, qui doit aller travailler. Animiste et croyant en la réincarnation, j’aime m’imaginer ce que mes chiens ont pu être dans une autre vie. Râ a probablement été dans l’armée : il n’a jamais eu un caractère à jouer, toujours porté sur l’action et au respect des ordres. Lila, je la vois comme une femme pour qui les hommes n’ont jamais suscité le moindre intérêt, à part moi avec qui elle entretient une relation de respect amical. Glas, comme un homme au cœur brisé et dont le corps a été rompu par le travail physique, un bourru au sang chaud mais dont le fond n’est pas si sombre. Et Dingo, un adolescent probablement passionné de skate ou de sport extrême, rêvant d’être urgentiste ou brancardier.

Alors que nous marchons, une voiture, de l’autre côté de la route, s’arrête. Je me fige, attentif, observant instinctivement la scène. Râ en fait de même, alors que Glas pousse un soupir rauque. Dingo reste derrière moi alors que Lila, qui nous précède, se met en position d’arrêt, la queue et la tête levées. Enfin, une silhouette connue se détache de l’ombre. Lila ne réfléchit pas : comme toujours, voilà que la jolie chienne s’élance. Elle traverse la rue, de son allure gracieuse et décidée, ses oreilles hautes et sa queue touffue se remuant de droite à gauche dans un geste de réelle sympathie. Elle remonte ensuite la rue, jusqu’à rejoindre la jeune femme que mes yeux usés commencent à discerner. Pour qu’elle vienne ainsi franchement se glisser entre ses mains, j’imagine qu’elles ont eu le temps de former un lien. Je traverse à mon tour et Glas, le pas lourd près de moi, reste sans réaction. Ce qui, de sa part, suffit à m’étonner et à appuyer l’hypothèse qu’ils l’ont rencontrée avant moi. Ah, enfin, j’aperçois son visage, pudiquement dévoilé par un lampadaire intimidé. Un regard intense, brûlant malgré sa clarté, comme un feu sur un lac, en partie protégé par de longs cils parfaitement maquillés. Une peau immaculée, sur laquelle son rouge à lèvres est comme une tâche de sang abandonnée, une blessure ouverte, humide, trahissant une douleur que l’on ne peut que seulement deviner dans ces traits si bien dessinés. Des pommettes saillantes, nobles, ajoutent à son regard une certaine majesté, accentuée par le doux volume de ses cils. Un nez fin, droit, des joues creusées, des mâchoires perceptibles, signes que la vie n’est pas toujours facile pour cette femme dont l’allure si distinguée tranche avec la saleté de ces rues. Ce n’est pas son monde, pourrait-on penser, naïvement, mais rien qu’à la voir, on devine, dans son aura, une force bien présente, quelque chose que je ne saurais définir, qui invite à rester prudent, à ne pas la prendre pour une pauvre fille perdue et désœuvrée. C’est une combattante, que je vois se redresser, le port droit, les yeux plantés dans les miens, comme une dague se porterait vers ma gorge pour me mettre en garde. Dans une telle ruelle, je comprends sa méfiance et j’imagine que l’homme qui l’a abandonnée ici ne l’a pas fait par bonté de cœur.

Mais Lila est là. Ma chienne se frotte tendrement contre les jambes de la jeune femme, dans un geste d’amour sincère, puis elle revient vers moi, sa tête trouve naturellement mes doigts pour que je la caresse. Comme pour nous présenter l’un à l’autre, pour passer la tension, pour nous assurer, à tous les deux, qu’il n’y a pas de danger. Je le sais bien… Car j’ai déjà vu la bonté de cette femme. Je l’ai aperçue caresser Lila, lui offrir un peu de nourriture. Je l’ai vue traverser une route en courant pour récupérer un enfant tombé à terre, un enfant sur lequel Glas s’était jeté, non pas pour l’attaquer, mais pour le protéger. Et cette femme a réussi à le décourager d’attaquer. Assez pour que le vieux chien abandonne son protégé et se contente de s’en aller, tel un justicier, bien qu’elle lui ait proposé quelque chose à grignoter. Glas accorde difficilement sa confiance et bien qu’il ne semble pas prêt encore à se laisser toucher par la jeune femme, il se contente de la dévisager.

Je redresse les yeux vers cette femme dont je ne connais pas même le nom et incline légèrement ma tête pour la saluer.

_ Bonsoir, Mademoiselle. Je m’appelle William Hemingway. Je suis le maître de Lila, Glas, Râ et Dingo.

En les dénommant, je les ai désignés d’un regard. Ma voix est relativement lente, posée, grave et tranquille dans ses intonations. Pour ne pas inquiéter les chiens. Mais aussi par habitude de m’adresser aux victimes ou à ceux dans le besoin. Avant d’être SDF, après tout, je travaillais dans les forces de l’ordre… Je n’ai pas tellement perdu certaines habitudes. Cette idée m’arrache un discret sourire du coin des lèvres ; pour un homme aussi peu expressif que moi, c’est beaucoup.

_ Je vous ai vu nourrir Lila plus d’une fois. Je vous remercie de votre générosité. Puis-je me permettre de vous raccompagner ? Ces rues ne sont pas sûres, pour quelqu’un de seul. C'est bien la moindre des choses que je puisse faire pour vous remercier.

Femme ou homme, la solitude fait d’une personne une cible facile, une victime possible. Dans mon travail, j’ai appris que les agressions n’avaient pas toujours lieu sur un individu particulier, mais dépendaient beaucoup du contexte environnant. Et dans ce lieu, nous sommes dans un cadre idéal pour une agression, de plus, par son allure, la jeune femme offre un semblant de richesse qui peut allécher les plus stupides brigands, qui se contentent de l’apparence pour attaquer. Mes vieux réflexes de flic reviennent, comme celui de me présenter, de proposer mon aide. D’escorter. Par peur qu’il ne lui arrive quelque chose, mais aussi, par remerciement pour avoir fait preuve de tant de gentillesse envers mes chiens. Aussi parce que je sais, à présent, qu’un enfant l’attend.
Charlotte K. Lynch
Charlotte K. Lynch
always be sweety
Avatar : Eva Green
Messages : 178
Ici depuis le : 27/08/2018
Points : 615
Réputation : 4
http://marplespring.forumactif.org/

It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them Empty Re: It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them

Lun 24 Sep - 17:45

William Hemingway & Charlotte K. Lynch
« Descend. »

La voix est calme, stricte et inflexible, mais calme. L'homme arrête la belle berline sombre. Aussi sombre que la nuit à cette heure, que ce quartier. Le silence règne, et ce, depuis trop longtemps à vrai dire. Ce seul mot en dit long sur la relation qui s'est jouée dans le véhicule jusqu'ici, et même avant. Nous sommes un soir de semaine, un soir où habituellement, Charlotte Lynch, travail au cybercafé. Elle n'a que peu à faire les soirs de semaine avec son autre travail, mais cela arrive. Comme ce soir, cela arrive. Un nouveau client, une nouvelle demande, "Ivy" a contacté la femme pour lui demander sa disponibilité, l'homme l'a choisi elle. Sa beauté l'a soufflé. Si évidemment la patronne du réseau a évoqué les quelques particularités qui lient Charlotte au Sweet Poison, le client la désire quand même. Il a besoin d'une belle femme, d'une femme qui attire les regards. Il n'entre pas davantage dans les détails avec la patronne. Mais Charlotte aura très vite le croustillant de l'histoire.

Trop vite même... Puisque alors Charlotte Svensson arrive au bras de son client du soir à la soirée où il est convié. Une femme arrivera à sa hauteur. Ses hurlements, la violence de ses paroles et très vite de ses gestes font comprendre à Charlotte qu'elle n'a rien à faire ici. Qu'elle n'est là que pour rendre jalouse une femme. LA femme de cet homme marié, qui a sûrement osez-la rabaisser. L'échange entre les deux est violent. Si violent que Charlotte s'éloigne l'espace d'un instant. Les histoires de couple, les jalousies, ce n'est pas la première à laquelle elle fait face, mais celle-ci est particulièrement virulente. La femme s'en prend même à Charlotte, qui évidemment ne se laisse pas faire. Calme et professionnelle elle indique qu'ont la payer pour accompagner l'homme, qu'elle ne sait rien de plus. Mais la femme ne la croit pas. Et enfin, on s'interpose entre elles, entre eux. Charlotte demande s'il a eu ce qu'il voulait. L'homme ne s'excuse pas. Il lui indique la raccompagner. Mais la tension est palpable, encore et toujours au sein de l’habitacle. Ce ne sont pas les soirées favorites de Charlotte, ça non. Bien au contraire. C'est à cet instant qu'elle se sent utilise, tel un objet, plus même qu'avec d'autres. Rendre jalouse une autre femme, ou un homme. C'est humiliant. Mais c'est son métier.

Alors la voilà, dans sa belle robe de soirée noire, sa veste de soie assez légère sur les épaules. Charlotte Svensson, redeviens Charlotte Lynch alors qu'elle ferme la porte de la belle voiture. Ses talons haut claquant contre le bitume. La belle berline qui ne tarde pas à repartir. Elle est perdue, si elle sait vaguement où elle est, la fraîcheur de la nuit pique son teint blanchâtre. Ses cheveux remontés dans un chignon travaillé ne bougent que très peu avec la brise légère. Son maquillage léger sur le visage, ses lèvres cependant rouges puissantes. Son nez levait pour reconnaître un nom de rue, une enseigne de magasin. Mais elle est perdue Charlotte.

Elle n'est pas seule bien longtemps pourtant, car en quelques instants elle sent contre ses jambes nues quelques choses. Elle n'a pas peur, non, comme un sentiment elle sent le chien et son regard qui s'abaisse confirme ce que son cœur savait. S'il bat vite, ce n'est en aucun cas en raison de l'animal, mais de la fraîcheur et surtout de cette soirée qui ne, ce n'est pas passé comme prévu. Le chien, la brune le connaît, ou la connaît, c'est une femelle à son souvenir. Elle la croisait plusieurs fois, elle lui a parfois donné à manger. Mais ce soir elle n'a rien, non elle n'a rien ici avec elle. Seul son petit sac où il ne se trouve que son téléphone professionnel, un mouchoir et un peu d'argent avec ses papiers. Instinctivement, Charlotte caresse rapidement l'animal. Mais son regard ne s'y intéresse pas davantage. Toujours à la recherche d'un repère familier. La chienne s'en va alors. La suivant légèrement du regard, d’instinct. Charlotte fait rapidement face à un homme, qu'elle a également déjà cru apercevoir. Sa voix poser fait du bien au cœur de Charlotte, qui s'apaise alors. Il se présente et présente les animaux alors qui l'entourent. Il est donc le propriétaire de ses chiens, tous ses chiens. Un sourire naquit sur les lèvres de la femme. Soulager de trouver un peu de compagnie et une bonne compagnie semblait-il.

« Enchantée, Charlotte Sven... Lynch pardon. Charlotte Lynch. »

Il n'y avait aucune raison pour donner son nom de jeune fille à cet homme. Il n'était pas l'un de ses clients et au vu de son allure ne le sera jamais. Non pas qu'elle-même mette des limites et à vrai dire elle fait quelques prix à quelques clients. Mais elle a les poings souvent liés sur sa liste de clients, pour ne pas risquer de ne pas satisfaire "Ivy" sa patronne. Son dû est élevé et si elle arrive à maintenir la demande. Elle ne peut se permettre de fréquenter des hommes qui ne saurent payer suffisamment. Et l'homme face à elle, William, de son nom ne semble pas pouvoir se permettre ses services. Mais Charlotte n'est pas que cela... Une femme de luxure, une femme-objet. Elle est avant tout un être humain. Et cet homme à défaut d'être fréquentable pour son travail pourrait l'être autrement, sans nul doute.

« Oh, je suis navré, je ne devrais peut-être pas donner à manger ainsi à vos chiens, sans votre permission. Mais elle est si adorable. »

La femme fatale s'empressa de répondre. Mais la suite des paroles de l'homme la rassurait sur ses actions passées. Elle fut même surprise de sa proposition et l'en remercia.

« C'est à moi de vous remercier. Vous n'êtes pas obligé, vous savez. Je ne voudrais pas déranger votre soirée. La mienne, c'est mal passé, je ne voudrais pas vous porter malchance. Mais si vous y tenez alors je ne dirais pas non. »

La brise légère était fraîche, serrant sa veste contre sa poitrine. Son regard s'abaissant sur l'homme, elle prit conscience de sa véritable condition de vie. Il devait surement vivre dehors. Au vu des affaires qu'ils portaient sur et avec lui. De son allure un peu débrailler et de sa barbe de plusieurs jours. Elle ne jugeait pas, elle constatait.

« Puis-je vous offrir un café ou un restaurant sur la route. Il est tard, je sais. Mais nous trouverons bien un fast-food ou un petit commerce d'ouvert. Ou bien chez moi. »

Charlotte se détourna de l'homme, cherchant part où il fallait se rendre. Mais elle devait bien l'avouer, elle était totalement perdue ici. Refaisant face à l'homme un large sourire amuser sur les lèvres. Elle indiqua alors son désarrois.

« Je voulais vous demander de me suivre... Mais finalement je dois avouer ma faiblesse. Je suis totalement perdue ici. J'habite dans le district  quatre. Peut-être pourriez-vous m'indiqué où cela se trouve. »

Un léger rire s'échappa des lèvres rouges pétantes de Charlotte, qui se moquait un peu d'elle-même et de son nullissime sens de l'orientation. Une fois en route Charlotte s'intéressa alors au chiens de l'homme, qui semblait tenir une très grande place dans sa vie.

« Puis-je me permettre de vous redemander comment s'appel celui-ci. J'ai oublier. Ma mémoire de poisson rouge me fait grandement défaut. Je crois l'avoir déjà vu, non ? N'aurait-il pas un jour été au secoure de mon fils, tombé de roller ? Ils ont en tout cas l'air très gentils. Mais je suppose qu'ils ont chacun leur propre caractère, non ? »
1362 mots ⊰ Gif by Tumblr, fiche by Summers
William Hemingway
William Hemingway
always be sweety
Avatar : Mads Mikelsen
Messages : 49
Ici depuis le : 30/08/2018
Points : 202
Réputation : 5

It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them Empty Re: It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them

Ven 28 Sep - 8:44
Cette femme est loquace, à ma plus grande surprise. De nature économe en mots, ce détail est loin de me déranger, au contraire ; je suis un homme plus habitué à écouter qu’à mener une conversation, à me laisser conduire et diriger plutôt qu’imposer une direction. Tout du moins, dans le cadre des échanges sociaux. Et je dois admettre qu’il est assez impressionnant pour moi de constater sa gentillesse alors qu’elle vient d’être abandonnée dans une rue inquiétante, bien peu fréquentable pour une personne seule. Beaucoup penseraient que cette sympathie n’est qu’un masque, une hypocrisie, alors que j’y sens de la sincérité, une réelle bonté, quand elle me regarde. Charlotte Lynch, j’hoche simplement la tête, j’enregistre, alors que mes yeux la détaillent, aperçoivent et s’ancrent au moindre de ses gestes. Elle serre frileusement sa maigre veste sur sa poitrine, ses yeux observent les environs, se portent sur moi, me dévisagent comme je le fais avec elle. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, j’essaye de m’entretenir. Malgré ma maigreur actuelle, on devine encore des épaules solides sous ma veste ample, ouverte sur une chemise noire un peu plissée, un jean que j’ai recousu au niveau du genou, de simples baskets. Mon visage est creusé, mes yeux sont cernés, mes cheveux grisonnants ont été un minimum coiffés, comme ma barbe dont le poil régulier laisse comprendre que je me rase souvent. Mais le sac que je porte, mes mains abîmées, mon visage marqué et mon regard particulièrement fatigué ne trahissent qu’en partie ce dont est fait mon quotidien. Une vie bien différente de la sienne, bien qu’à la voir ce soir, si belle dans sa tenue sophistiquée mais lamentablement délaissée dans un lieu risqué, j’ai comme l’impression que nos différences ne sont, au final, pas si importantes.

_ Mal passée ?

J’ai répété ces derniers mots, d’une voix paisible, comme à mon habitude ; ma tête s’est légèrement inclinée, pour l’inviter à parler. Mon travail m’a permis d’améliorer mon écoute, mon attention, mon empathie et, d’un geste de la main, je propose à Mademoiselle Lynch de me rejoindre pour marcher à côté de moi. Après presque 10 ans passés à errer dans les rues de Charney, j’ai appris à me diriger dans ce dédale sans même réfléchir aux chemins empruntés. Je sais où se trouve l’échappatoire de ce coupe-gorge, je sais quelles rues ne sont guère fréquentées que par des chats errants que Dingo apprécie chasser. Mes silences sont bien souvent mal interprétés, considérés tels des gestes de mépris ou de négligence, une preuve de désintérêt ou de défiance alors qu’en réalité, je ne suis simplement pas bavard, appréciant tous les autres sons de voix, exceptée la mienne.

_ Le district 4 est à une petite heure de marche. Ce n’est pas le chemin le plus court, mais c’est le plus sûr.

Tant pour ses chevilles frêles dont les chaussures à talons pourraient aisément lui briser l’articulation si elles s’enfoncent dans un nid de poule dissimulé par l’obscurité, que pour son joli minois, son teint de lait qui pourrait allécher plus d’un fauve en ces rues. Les chiens et ma présence ne suffisent pas toujours à décourager les meutes de loups qui rôdent dans ces endroits sauvages, où les arbres sont des immeubles, les arbustes, des poubelles déversés, où les tanières sont des caves, des entrepôts isolés où le reste du groupe se terre parfois par centaines dans les lieux les plus grands.

_ Merci pour votre proposition. Un café me suffira.


Elle a ri, il y a quelques secondes à peine ; un rire qui a percé le silence des rues endormies, un rire qui résonne, qui me fait esquisser un simple sourire. Alors qu’elle est si vivante, si expressive, je suis comme inerte, le visage figé, le ton monocorde. Alors qu’elle regarde autour d’elle sans reconnaître les lieux, je la guide, d’un pas lent mais assuré. Alors qu’elle serre frileusement son vêtement léger, je porte une veste que je garde même ouverte sur mon torse. Elle est fraiche, resplendissante, rayonnante et je suis son total opposé. Notre duo pourrait presque paraître comique et sa présence me fait penser, un instant, à la jeune stagiaire que j’aie pu avoir, il y a de cela quelques années. Une fille qui aurait eu l’âge d’être la mienne, blonde, yeux bleus, tout sourire, un vrai rayon de soleil, une vie sans histoires mais pourtant, elle en avait toujours à raconter. Elle avait le rire facile et la gâchette impossible, visant aussi bien que moi si je fermais les 2 yeux, autrement dire, une catastrophe. Mais j’appréciais sa volonté d’aider les autres. Elle avait abandonné la première fois qu’elle est tombée sur un cadavre, la victime d’un règlement de comptes, une femme pas plus âgée qu’elle, violée, tabassée, puis achevée d’une balle dans la tête. Pour servir de message, bien qu’au final, ce fut le petit soleil qui se le prit en pleine face. La vie aime asséner du plat de la main des gifles à l’innocence, brisant parfois l’enfance avec la même violence et brutalité qu’on broie le cou d’une poule pour la dévorer. On vante l’éducation des parents parfois trop dures, trop protectrices, je ne peux pas juger, je n’ai pas eu d’enfants, mais la vie, quant à elle, éduque les Hommes avec pugnacité. Elle s’acharne à les briser, jusqu’à ce qu’ils ou elles trouvent le moyen de se redresser, puis elle les frappe de nouveau jusqu’à les remettre à terre. L’existence est un combat sans cesse mené pour affronter une réalité sans pitié et nous ne disposons pas tous des mêmes armes pour nous battre, pas de la même sensibilité pour nous protéger.

La question de Charlotte me fait légèrement tourner mes yeux sombres vers elle, puis je les rabaisse vers Glas. Le Mastiff est un chien énorme, bien plus imposant que ceux que j’ai l’habitude d’élever. Du haut de ses 80 kilos, son garrot est à un bon mètre de hauteur : dressé sur ses pattes arrière, il peut renverser un homme. Son pelage brun, épais, sert d’armure, bien que l’on devine d’anciennes blessures, tel son œil borgne, une cicatrice qui tranche son flanc, une autre, son poitrail, encore une autre, le dessus de sa patte arrière. Il avance pesamment, son souffle grave, régulier, se fait entendre tous les deux pas. L’animal a naturellement la tête légèrement baissée, surveillant les environs de son œil valide. Il ne semble pas s’occuper de Charlotte, alors que Lila marche de l’autre côté de la jeune femme, la queue haute et le museau fièrement levé. Dingo, social comme à son habitude, commence à s’approcher de la jeune femme pour renifler curieusement son parfum, ne tardant pas à venir presser sa tête contre sa jambe pour qu’elle le caresse. Râ reste près de moi : le port droit et fier, l’animal s’avance avec tranquillité, bien que l’âge rende ses articulations un peu plus raides et son pas, peut-être plus cadencé.

_ Il s’appelle Glas. Votre enfant, hm ? J’espère que Glas ne l’a pas effrayé.

Glas pouvait se montrer protecteur voire franchement menaçant. Je devais être très prudent avec lui et il était rare que je ne le tienne pas près de moi. Il avait déjà attaqué plus d’une personne et sa mâchoire comme sa force sont capables de briser plus d’un os. Je me souviens de ce jour là. De Glas qui s’était élancé pour se dresser tel un chevalier devant l’enfant, prêt à mordre quiconque s’en approcherait. Ce jour-là, Charlotte l’ignore mais elle a frôlé de peu une morsure dévastatrice ; si je n’avais pas été présent pour siffler Glas et si elle ne s’était pas figée devant l’animal, il l’aurait attaquée. Depuis cette fois là, je tiens toujours  Glas par le collier mais il est inutile de le lui préciser, je ne veux pas l’inquiéter outre mesure. Son intérêt pour mes chiens m’arrache un nouveau sourire et je prends le temps de rapidement les présenter.

_ En effet. Glas est un ancien chien de combat, je l’ai racheté à son propriétaire alors qu’il comptait… le jeter en pâture aux autres chiens après une blessure grave à sa patte arrière. Il est très méfiant et est relativement sur la défensive. Avec lui, il faut être prudent, cela fait quelques années que nous vivons ensemble et obtenir sa confiance reste un effort quotidien. Il est préférable de faire preuve de douceur, de calme et de ne pas l’approcher. Interdiction formelle de le toucher quand je suis absent. Glas a vécu beaucoup de choses difficiles et la peur ne le fait pas toujours bien réagir. Râ est mon partenaire depuis bien longtemps, pour une vie de chien. Il a 9 ans et il commence à avoir des poils blancs.

Comme mes cheveux grisonnants… A cette pensée, je souris tendrement et je passe mes doigts usés sur son crâne. Râ répond par un doux regard et remue la queue, avant de se concentrer de nouveau sur la route que nous parcourons.

_ C’est un chien calme, posé. Il est très obéissant. Râ n’est pas farouche mais disons qu’avec l’âge, il préfère avoir son espace. Il peut avoir tendance à fuir les contacts, il commence à avoir mal au bassin et aux articulations de ses pattes arrière. Avant, notre travail nous faisait courir de partout et Râ commence à fatiguer. Il n’est pas très joueur, mais très observateur, sensible et attentif à ce qu’il se passe autour de nous ou à ce que les autres peuvent ressentir. Lila est la seule femelle que je possède. Elle a une nette préférence pour la compagnie des femmes… Je crois que je suis bien le seul humain masculin qu’elle daigne approcher.

Ce commentaire m’arrache un sourire amusé.

_ Elle est fière, assez indépendante, intelligente. Lila est d’un caractère plus prudent, elle n’est pas réellement agressive mais joue beaucoup sur son autorité pour se faire respecter par les autres chiens. Elle est presque aussi âgée que Râ. Elle apprécie la compagnie des enfants et est plutôt exploratrice, bien qu’elle ne s’éloigne jamais à plus de deux rues de moi. Dingo est le plus jeune, je suis encore en train de l’élever. Il garde un côté fugueur… Bien que je qualifie cela de curieux, plutôt. Dingo aime aller fouiller dans les jardins ou les poubelles des autres. Il est joueur et s’excite pour un rien, il peut agir de façon impulsive. Il est d’un caractère très tendre, je ne l’ai jamais entendu grogner. Il est assez timoré, il s’effraie vite et pleure en se cachant là où il peut, mais j’arrive à le rassurer. Et pour finir, Rubis.

Je plonge la main sous ma veste et je tourne une petite besace attachée autour de mes hanches. Un chat sort une tête endormie de la poche que j’ai attachée autour de moi. Je gratte tendrement sa tête grisée et le chat baille simplement avant de s’étirer mais il ne bouge pas, restant paisiblement allongé.

_ Un chat de gouttière que j’ai trouvé… Avec les deux pattes arrière brisées. Je l’ai emmené avec moi et j’essaye de l’aider à s’en sortir, mais ce n’est pas facile, les chats… ne sont pas vraiment ma spécialité. Comment s’appelle votre garçon ? Quel âge a-t-il ?

Je m’intéresse à mon tour. J’ai déjà énormément parlé et cela reste exceptionnel mais quand on aborde le sujet de mes animaux, c’est bien l’une des seules fois où j’accepte de déblatérer… Parce qu’ils n’ont pas notre langage et qu’il est important pour moi de correctement les présenter. Avec respect.
Charlotte K. Lynch
Charlotte K. Lynch
always be sweety
Avatar : Eva Green
Messages : 178
Ici depuis le : 27/08/2018
Points : 615
Réputation : 4
http://marplespring.forumactif.org/

It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them Empty Re: It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them

Ven 12 Oct - 13:38

William Hemingway & Charlotte K. Lynch
Charlotte préfère ne pas relever sa question. Il s'intéresse à elle, c'est gentil. Mais elle préfère ne pas entrer dans les détails de cette soirée désastreuse. L'homme semble intéressant et serviable, ce qui rassure la femme, qui après tout cela n'est pourtant pas plus méfiant. Comme elle s'en doute elle connaît déjà vaguement l'homme. Ses chiens surtout, deux d'entre eux. Elle doute qu'il soit de mauvaise attentons à son égaré, si cela était le cas, sûrement qu'elle serait déjà morte ou en train de se faire agresser par l'homme. Car les rues étaient désertes ici. Dans ce quartier où tout pouvait arriver. Cette ville était déjà bien assez dangereuse ainsi... Mais ce quartier était la verrue de la criminalité de la ville. Purulente et infester, impossible de nettoyer. La brune lui indique son quartier d'habitations, lui qui lui propose de la raccompagner en vrai gentleman. Elle ignore qui il est, qui il était. Mais c'est certain il a un certain sens du devoir, un certain sens de l'honneur. Au travers de ses gestes, de ses mots de son comportement, même, elle le ressent. Il n'est pas qu'un simple homme des rues, venant au secours d'une belle demoiselle en détresse, non... Il aurait sûrement été au secours de n'importe qui. Au fond, elle savait, elle sentait cela. Quand il énonce la durée de marche, elle trogne un peu du nez. Elle est en talons et si ceux-ci ne la dérangent en général par le moins du monde. Marché une heure dans des rues pas toujours saines et plates... Peut-être que ses pieds réclameraient un bon bain de pieds et un peu de soin en rentrant, mais elle était prête à affronter cette longue marche.

« Je vous suis, sans problème. »

Évidemment elle compte bien remercier l'homme. Surpris par son humble coeur, il veut se contenter d'un café. S'il en trouve un en chemin d'ouvert, pour sur elle lui proposerait. Cela lui fera une pause, mais aussi lui permettrait de lui offrir ce fameux café. Et en cas contraire, elle l'inviterait pour la soirée chez elle. Au chaud. La petite maison qu'elle louait n'était pas bien grande, mais elle était largement suffisante pour elle son fils, et il y avait même une autre chambre parentale, pour un colocataire. Peut-être pourrait-elle proposer à l'homme de loger avec eux. Le loyer n'était pas très haut, enfin, il le saurait encore moins si une autre personne vivait avec eux. Mais elle ignorait si... S'il pouvait se permettre de vivre dans un logement, simplement. Elle aimerait l'aider si tel n'était pas le cas. Peut-être pourrait-elle l'aider les premiers mois, le temps qu'il trouve un travail... Mais elle y pensait, peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être travaillait-il ? Beaucoup de gens travaillaient, mais ne gagnaient pas tant d'argent que ça, certain même pas assez pour vivre un minimum convenablement. Cela révoltait toujours Charlotte. Qui au fond ne pourrait assumer sa vie et son fils sans son autre travail... Ce travail qui l'avait mené ici ce soir.

« Pas le moins du monde. Jacob adore les animaux. Et il a parfois une certaine connexion avec. Il m'a plus fait peur à moi, je dois bien l'avouer sur le moment. Son regard... J'ai cru qu'il ne me laisserait pas approcher mon propre fils. Je crois que d'ailleurs, si mon souvenir est correct que ce soit Jacob qui a dit que j'étais sa maman et que glas ma ensuite laisser m'approcher. Il semble intelligent ce chien. »

Carotte avait préféré laisser glisser la conversation sur les animaux du monsieur. Important dans sa vie, au vu de la lueur qui venait de s’éclairer au fond de ses yeux. Marchant aux côtés de l'homme, suivant sa route, de ses talons claquant dans la nuit trop calme. Elle écoutait chaque récit sur chacun des animaux avec attention. Constatant qu’effectivement chaque animal avait son propre caractère. C'était assez fascinant. Charlotte n'avait jamais eu d'animal à son souvenir. Si elle revoyait dans sa mémoire de très vieilles photos de sa petite enfance, tenant un chat. Elle avait toujours douté avoir eu cet animal enfant. Elle n'avait jamais pensé à poser la question à ses parents d'ailleurs. Et si elle avait bien eu un chat, il était mort avant ses 5 ou 7 ans. C'était aussi loin que remontait ses souvenirs d'enfant. Charlotte se perd un instant dans ses pensées. Mais quand elle voit l'homme tourné son sac et la tête d'un chat en sortir. le sourire de la belle s'élargit.

« Oh ! Je ne l'avais pas vu celui-ci. Pauvre petite chose. Comment peut-on faire du mal à un animal. »

Charlotte n'ose pas approcher une main pour caresser l'un ou l'autre des animaux. Si elle a vaguement hésité pour le chat. Elle ne les connaît pas assez encore pour cela. La seule à qui elle se permettrait une caresse serait cette bonne Lilas, qui se blottit par instants contre ses jambes. Elle semble l'apprécier et c'est réciproque. Cette chienne est adorable, c'est certain. L'homme s'intéresse à elle, enfin à son fils surtout.

« Jacob, il s'appelle Jacob. Il a 11 ans. c'est un brave petit. Il adore les animaux et en particulier les chiens. Plus petit, il voulait caresser tous ceux qu'il voyait. Mais je lui ai dit que c'était parfois dangereux. Certains chiens sont mal élevés et les maîtres en font des méchants chiens. Qui mordent sans raison. »

Leurs pas sont relativement rapides, le chemin est long. Mais pour le moment tout va bien. Charlotte malgré les rues un peu chaotiques s'en sort à merveille avec ses talons. La douce musique qu'il procure à ses oreilles. Oui elle a toujours aimé le bruit d'une marche élégante en talons, aller savoir pourquoi. Peut-être que cela lui rappelait sa mère. Elle tenait beaucoup d'elle est surtout cette facilité à marché avec de telles chaussures. Peut-être aussi, son ancien métier avait aidé. Les rues étaient encore assez désertes, s'ils avaient croisé deux ou trois visages serrés ou alcooliser, aucun ne les avait embêté. Mais les rues étaient sombres et froides. Aucun commerce ne semblait pour l'instant ouvert. Il était vraiment tard pour tout dire. Et Charlotte doutait de plus en plus sur le fait de trouver un café où se poser. Un silence se fit, léger agréable. Si elle était de nature bavarde, lorsqu'elle était stressée. Elle n'était que peu loquasse en vérité. Soupirant légèrement, une main caressant le crâne de Lilas, qui était revenu réclamer sa main. Son pas ralentit légèrement son nez se leva. Le ciel était couvert, mais quelques étoiles perçaient la grisaille du ciel sombre.

« Je vous remercie sincèrement de m'accompagner. Puis-je me permettre de vous demander ce que vos faites dans la vie ? Je suis curieuse, ne m'en voulez pas. »

Charlotte avait baissé son visage sur l'homme, qu'elle regardait avec tendresse et sympathie. Elle espérait sincèrement pouvoir l'aider d'une manière ou d'une autre. Lui offrir un café ou un toit pour la soirée.
1240 mots ⊰ Gif by Tumblr, fiche by Summers
[/quote]
Contenu sponsorisé

It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them Empty Re: It's the duty of a good shepherd to shear his sheep, not to skin them

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum