Qu’est-ce donc que le mariage ? Filer, enfanter, regretter. || AURORA&ALEXEÏ

Pourquoi j'ai fait ça, encore ?

La sculpture était un art tellement apaisant. D’un bloc de pierres sortait quelque chose, un animal, un objet. Comme s’il avait toujours été là et qu’il avait besoin de quelqu’un pour le voir et l’en faire sortir. Aurora trouvait cela apaisant, parce qu’en tapant avec les bons outils, les formes se dessinaient. Elle n’avait jamais essayé la sculpture dans du bois, mais elle devait d’abord se renseigner : le bois, à l’instar de la pierre, se travaillait différemment suivant, justement le type de bois, le sapin étant par exemple différent du chêne, comme le grès de l’argile. C’était son échappatoire.

Elle avait passé une journée plutôt agaçante : au club, elle avait cru que l’une des jeunes prostituées allait lui faire une crise jusqu’à en mourir. Elle avait paniquée. Elle était brisée déjà, par l’un des hommes de son mari, et en plus elle avait beaucoup de mal à gérer ses trop plein d’émotions, qui se manifestaient parfois en crise psychotique depuis quelques temps. Elle voulait en parler à Alexeï, qu’il fallait faire venir un spécialiste - il devait bien en avoir dans ses contacts au moins - et qu’il fallait qu’elle prenne du repos. Du haut de ses seize ans, elle était l’une des plus sollicitées. Elle n’avait pas encore les épaules, et c’était difficile de faire prendre conscience au patron que les femmes qu’il enlevait avaient une âme, une conscience, un tempérament. Et elle ne savait pas comment amener ça. Certes, Aurora dirigeait l’Emerald et son bordel, donc c’était comme si elle cautionnait, en quelques sortes... Mais elle avait demandé ce poste dans le but d’essayer de rendre la vie aux filles un peu plus supportable. La blonde n’oubliait jamais qu’elle aurait pu se retrouver là, avec elles.

Tout en sculptant un dragon naissant d’un oeuf, elle réfléchissait à comment lui parler sans l’énerver. Pour commencer, il fallait qu’il soit de bonne humeur, sinon il allait être vite irrité. Concentrée à la fois sur son travail et sur son problème, elle n’avait pas entendu la porte d’entrée, sa musique, bien qu’à bas volume, couvrant les bruits de la maison. D’ailleurs elle ne se rendit qu’à peine compte que son homme était entré dans sa pièce. Et quand elle sentit ses lèvres dans sa nuque, un frisson parcourut son corps, c’était un de ses points les plus sensibles. Un sourire anima ses lèvres et elle trempa ses lèvres dans le bac d’eau qu’elle avait à côté d’elle avant de s’essuyer sur son tablier avant de tourner son tabouret, posant son regard océan sur Alexeï.

« Bonsoir. »

C’était bon signe, il avait l’air de bonne humeur. Puis ses yeux descendirent vers ses mains, qui tenaient quelque chose qu’elle n’avait jamais eu de sa part, pas même pour son anniversaire. Son sourire diminua un peu, et elle devint suspicieuse. Elle attrapa les fleurs délicatement en se levant, et déposa un baiser sur sa joue pour le remercier. Pour une fois qu’il lui offrait des fleurs, elle n’allait pas cracher dessus. Quoique, elle ne savait pas encore de quoi il allait lui parler. Et elle se doutait bien que ce n’était pas habituel, sinon jamais elle n’aurait eu de bouquet. Elle les plaça immédiatement dans un vase et y mit de l’eau.

« Merci... Mais pourquoi ces fleurs ? C’est la première fois que tu m’en offres en sept ans. »

Codage par Libella sur Graphiorum

Pourquoi j'ai fait ça encore ?

Aurora avait l'habitude que son mari lui donne des ordres. Elle savait surtout qu'il était comme ça avec tout le monde, qu'il aimait avoir le contrôle sur tout... Il n'était pas à la tête de la mafia russe pour rien après tout. C'était d'ailleurs pour cette raison généralement qu'elle ne rechignait pas à faire ce qu'il demandait - en tout cas il était rare qu'elle conteste maintenant. Elle ne disait non qu'en cas extrême, parce que déclencher une dispute pouvait se finir violemment et si elle pouvait éviter, elle préférait. Elle avait donc retiré son tablier et avait simplement hoché la tête, alors que Alexeï quittait l'atelier. Elle fit un peu de ménage et passa un coup de balai, avant de frotter un peu sa robe violette. Une fois qu'elle eut mis un peu d'ordre dans son atelier, elle sortit de là pour rejoindre l'homme dans le salon.

Mais en arrivant, i la surprit une deuxième fois, à tel point qu'elle ralentit un peu son allure avec un regard suspicieux. Il ne lui avait jamais demandé ce qu'elle voulait manger, parce que cela sous-entendait de commander quelque chose... Et elle ne se souvenait pas d'une seule fois en sept ans que ce soit arrivé. D'habitude, la blonde devait se débrouiller pour lui faire à manger. Après tout ça ne l'avait jamais dérangéée, elle aimait bien faire la cuisine. Et elle devait avouer qu'elle commençait presque à avoir peur, Aurora se questionnait sérieusement. La discussion qu'il voulait avoir allait probablement être assez mouvementée, pour qu'il soit si... Attentionné ? C'était un mot que la jeune femme peinait à associer à son mari, à vrai dire.

« Euh... Je mangerais bien chinois... »

Elle vint s'installer à côté de lui sur le canapé et posa son regard, toujours intriguée et légèrement méfiante, sur le ténébreux. Parfois elle se disait qu'elle aurait pu tomber amoureuse de lui dans un autre contexte. Surtout s'il n'avait pas été dans la mafia, chef de celle-ci qui plus est. Elle se demandait réellement comment il était possible d'être un monstre, et comment il faisait pour... L'aimer. Enfin ce n'était peut-être pas de l'amour, mais si ce n'en était pas, pourquoi voulait-il la garder uniquement pour lui ? D'habitude il se fichait pas mal des filles. Ces questions revenaient souvent dans la tête d'Aurora. Un léger soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle chassait cela de sa tête pour rester concentrée.

« De quoi voulais-tu qu'on parle ? Ca a l'air important, et tu commences presque à m'inquiéter. »

Codage par Libella sur Graphiorum