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Jill Valenciano
Jill Valenciano
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Lun 3 Sep - 4:01
Toute rencontre nouvelle est susceptible d'éveiller l'impensable.


Jill était nerveuse. Elle regardait son téléphone à toutes les cinq minutes et elle se retenait de tout annuler. C’était la première fois qu’elle faisait ça et elle le regrettait. Elle n’avait aucune idée de comment ça allait se passer. Elle avait installé une application de rencontre « Tinder » et elle échangeait depuis plusieurs jours avec un garçon vraiment mignon qu’elle avait accepté de rencontrer dans un endroit public. La jeune femme avait un peu l’impression d’être désespérée et de chercher un homme à tout prix. Jill appréciait sa solitude, mais elle aimerait avoir quelqu’un à ses côtés. Elle se surprenait à envier de plus en plus les couples qu’elle croisait dans la rue ou qu’elle voyait à la télévision. Par contre, la brunette savait rester réaliste et elle ne se faisait pas trop d’idée avec « Tinder », elle était curieuse. Très curieuse c’est ce qui l’avait poussé à accepter le rendez-vous. Jill était prête depuis une heure. Elle n’en avait pas trop fait pour ce premier rendez-vous. Elle avait laissé sa longue chevelure brune détachée, elle s’était maquillée très légèrement et elle avait enfilé une jolie robe blanche qui mettait ses longues jambes en valeur. Son rendez-vous était dans plus d’une heure et elle pensait encore l’annuler. Elle craignait de ne pas être à la hauteur et que ça se passe mal. Elle détestait les flops.

Valenciano se surprit elle-même de réussir à quitter sa maison pour se rendre au petit bar du coin où elle avait rendez-vous. Elle s’y rendit à pieds et profita du trajet pour se faire tous les pires scénarios possibles. Très rassurant. Elle entra dans le bas encore plus nerveuse qu’en quittant sa maison. Dans un premier temps, la jolie jeune femme prit place au bout du comptoir où la serveuse vint tout de suite prendre sa commande. Elle commença avec un verre d’eau afin d’attendre son rencart. Elle avait plusieurs minutes d’avance, il n’allait pas tarder. Du moins, elle espérait… Mais plus les minutes avançaient et plus elle commençait à perdre espoir. 5 minutes de retard, 10 minutes, 15 minutes… À toutes les minutes, elle jetait un coup d’œil à son téléphone. Aucun message pour lui dire qu’il annulait. Au bout d’une vingtaine de minutes, elle lui écrivit qu’elle était arrivée. Pas de réponse… Après près d’une heure, la jeune femme perdit finalement espoir. Son visage était décomposé par la tristesse et elle avait réellement envie de pleurer. Finalement, elle avait hâte à ce rendez-vous et de rencontrer cet homme. C’était stressant, mais excitant à la fois. Elle venait de se faire poser le premier lapin de sa vie. C’était une horrible sensation. Elle prit une longue gorgée de son verre d’eau dans l’espoir de faire passer la boule d’émotion qu’elle avait à la gorge. Est-ce qu’elle commandait un verre finalement ? Boire seule n’était peut-être pas la meilleure idée, mais ça pouvait lui faire du bien. Jill s’étira de manière attraper la carte et observa les verres toujours avec cette mine triste.

Dante Alvarez
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Mer 12 Sep - 22:06
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And if I stared too long

I'd probably break down and cry.



Lorsque Dante entra dans son bar, il avait bien deux heures de retard et n'était pas spécialement de charmante humeur. Il y a une dizaine de jours, une bagarre avait éclaté au Purgatory et pour la première fois, l'un des joyeux participants avait eu envie de porter de plainte contre l'autre sac à bière avec qui il s'était particulièrement embrouillé. Bien évidemment, le propriétaire des lieux et principal témoin de la baston avait fini par être convoqué. Si Dante avait dans un premier temps trouvé ça rigolo d'être dans un commissariat sans porter des menottes, il avait vite déchanté en voyant les minutes filer. A plusieurs reprises il avait tenté de mettre les voiles et à chaque fois, on lui avait assuré que le lieutenant chargé de sa déposition allait débarquer d'un moment à un autre. Quand il devint évident qu'il ne sera jamais à l'heure pour ouvrir le bar, il contacta Stone lui demandant de prendre sa place le temps qu'il arrive. Il laissait encore cinq minutes au flic pour faire son taf. Passé ce délai, faudra qu'on lui pète les rotules pour qu'il attende encore. Lorsqu'il reçut la confirmation de Stone, le poulet était planté devant lui. Tout sourire.
Et ça avait été putain de long! Dante était face au champion toute catégorie de l'excès de zèle. Il avait répondu aux questions de manière courtoise mais en étreignant les bords de sa chaise pour ne pas voir ses poings s'envoler vers un nez et les mâchoires de plus en plus crispées au point d'entendre le grincement de ses propres molaires. Et qu'il fallait donner des précisions. Et qu'il fallait être dans le factuel. Et qu'il fallait limite connaître la température rectale des protagonistes. Dante abandonna abruptement son interlocuteur à la seconde où ce dernier estima l'entretien terminé.

La soirée était bien avancée lorsque Dante releva Stone non sans lui payer aussitôt ces heures supplémentaires. Il prit place derrière le bar, saluant nominativement les quatre pochtrons habituels qui composaient l'essentiel de sa clientèle en semaine. Allie les appelaient "la bande de Family Guy", Dante n'avait pas pigé le référence et cherchait encore. Bref, à part ceux-là, le reste de la salle était plutôt claisemé. Un couple qui roucoule dans un coin, une nana dépressive au bout du comptoir, une bande de jeunes au milieu de la salle dont l'un ne doit pas avoir l'âge de se trouver là...son coeur rate un battement. Pendant une fraction de seconde, Dante garde les yeux rivés sur l'adolescent avant de lentement glisser sur le visage de la jeune femme seule. Il ne l'a vu qu'en photo ou sur des MMS mais il aurait pu la reconnaître sans. C'est comme un coup de poing au creux de l'estomac. Quelque chose qui vous déplace les tripes, qui affole le palpitant et qui étrangle de l'intérieur. Jill. Sa fille, son unique enfant. La seule vie qui soit plus importante que la sienne. Renoncer à exister pour elle a été l'acte le plus humain que Dante Alvarez ai pu faire. Elle avait eu une vie sans menaces de kidnapping, sans armes, sans illégalité, sans morts, sans lui. Une vie normale.
Hé, Crispy. Tu la connais? demande Dante en interpellant un des piliers de comptoir qui font également office de commères. D'un geste "presque" discret, l'autre jette un coup d'oeil sur le côté.
Hon-hon. Jamais vue et c'est bien dommage. Jolie poulette. répond l'autre provoquant un claquement de langue excédé chez Dante.
Elle est là depuis longtemps? demande-t-il les sourcils froncés. Elle a l'air tellement triste et c'est pas du tout dans cet état qu'il devrait la voir la première fois. Il y a des doigts qui vont tomber et dont il exigera l'envoi.
Chuis parti pisser y a une demie-heure et elle était déjà là. Pourquoi? T'as pas envie d'être seul ce soir, hum?
Bois et ferme ta gueule, Crispy. lâche-t-il en lui remplissant le verre avant de se tirer une bière. La discussion est close et Crispy sait qu'il vaut mieux faire profil bas et obéir sans se poser de questions.
Dante hésite et se retrouve dans une situation inconfortable. Il avait déjà imaginé des retrouvailles mais on était loin des scénarii qu'il avait pu envisager. Il n'a pas l'habitude de ce retrouver dans un contexte où il a l'impression d'essayer de saisir de l'eau, où les enjeux sont importants, intimes et personnels, où il ne se sent pas tout-puissant et n'a pas tout sous contrôle. Buvant une gorgée de sa bière, Dante opte enfin pour un mouvement. C'est complètement irrationnel comme décision mais il ne peut pas ignorer Jill...prenant une profonde inspiration, il se dirige vers elle jusqu'à parvenir à sa hauteur et à attirer son attention. Alors qu'il croise son regard - elle ressemble tellement à sa mère! - Dante éprouve de nouveau cette sensation de coup de poing au creux de l'estomac et de parade de tous ses organes. C'est ça la trouille? La vraie trouille? T'es le visage le plus triste de mon établissement. Qu'est-ce-qu'il t'arrive, señorita? demande-t-il avec une voix dont la bienveillance le surprend lui-même.



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Dim 16 Sep - 2:22
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C’était ça l’horrible sentiment de solitude ? Jill n’aurait jamais cru s’être autant attaché à ce garçon qu’elle n’avait jamais rencontré. Ils avaient beaucoup discuté dans les derniers jours et il lui semblait fort sympathique. Elle ne savait pas vers quoi le rendez-vous de ce soir allait la mener et elle ne le saurait jamais. Intérieurement, elle ne pouvait pas s’empêcher d’espérer qu’il lui écrive qu’il avait eu un empêchement et qu’ils allaient remettre ça. Elle refusait de croire directement qu’il l’avant abandonné. Bien qu’elle savait que c’était très naïf de sa part. Ses copines lui avaient dit de faire attention avec Tinder, car la plupart des garçons cherchaient seulement à coucher. Elle aurait dû s’en douter lorsqu’il lui avait un proposé ce rendez-vous dans un contexte plus intime et qu’elle avait refusé pour proposer un bar. Pourtant… Qui sait réellement comment la soirée aurait pu se terminer s’il avait pris la peine de se présenter. Le courant aurait pu très bien passé entre eux et… Non, elle n’était pas comme ça. Les relations intimes lui faisaient peur et elle était de celles qui attendaient le bon. Les relations d’un soir, ce n’était pas pour elle. Même si elle faisait un travail qui pouvait le laisser croire. Jamais elle n’avait vendu son corps, la simple idée de le faire la dégoûtait, elle était juste une jeune fille comme les autres qui attendaient seulement que l’amour frappe à sa porte. Ce soir, Jill avait essayé de forcer le destin, mais ça ne semblait pas avoir fonctionné. Tant pis, non ? Elle allait prendre un verre ou deux puis rentrer regarder Netflix avec Wesker. Son chien était sans doute le seul garçon qui l’aimait réellement. Dommage qu’il ne sache pas parler, elle se sentirait moins seule.

La carte des boissons en main, Jill ne vit même pas le barman approcher. Elle sursauta légèrement lorsqu’il s’adressa directement à elle et posa la carte sur le comptoir avant de plonger son regard dans le sien. Son établissement ? C’était donc le propriétaire des lieux. La jeune femme pinça les lèvres. Était-ce une bonne chose de se confier à un inconnu ? Peut-être que ça lui ferait du bien, mais sa mère lui avait toujours dit de faire attention aux étrangers et de surtout ne jamais exposer ses faiblesses… Sauf que cet homme dégageait quelque chose de différent. Sa façon de la regarder était… unique. Jamais on ne l’avait regardé comme ça. Ça n’avait rien à voir avec les regards de vieux pervers qu’elle pouvait avoir à son travail ou même dans la rue. Elle ne saurait l’expliquer, mais son cœur lui disait qu’elle pouvait faire confiance à cet homme tandis que sa tête lui disait complètement le contraire. Sauf qu’elle avait trop souvent écouté sa tête dans sa vie et ça l’avait mené nulle part. « J’avais un rencard… » murmura-t-elle avant de regarder partout autour d’elle. « Et comme vous pouvez le voir, il n’y a personne… À partir de combien de temps, je dois arrêter d’espérer qu’il se présente ? » Depuis bien longtemps, elle le savait. Ça faisait plus d’une heure déjà qu’il était en retard. « Il semble même avoir oublié comment se servir de son téléphone. » Elle haussa les épaules. Étrange pour un garçon qui lui écrivait plusieurs fois par heure pendant des jours. Ce n’était pas envahissant au contraire, elle avait une belle complicité avec lui. « Je vais vous prendre un verre, s’il vous plait. Vous me proposez quoi dans les boissons fruitées ? » Elle ne buvait pas souvent et elle ne connaissait pas grand-chose en alcool. Le barman et propriétaire des lieux était sans doute le mieux placé pour la guider non ?

Dante Alvarez
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Mar 25 Sep - 14:27
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And if I stared too long

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Dante n'avait jamais été un type possessif ou jaloux avec les femmes. En fait, il lui aurait fallu une sacrée ensorceleuse pour capturer le petit morceau de coeur qui lui restait. Même la mère de Jill n'avait pas bénéficié d'un amour inconditionnel et total de la part d'Alvarez. Elle avait été une aventure sulfureuse, pleine de passion mais sans véritablement s'inscrire dans un avenir. Pourtant quand elle lui avait annoncé sa grossesse et après le choc de la nouvelle amorti, Dante avait été stupéfait de découvrir l'affection folle qu'il éprouvait pour un amas de cellules encore anonyme, asexué et qui devait être aussi gros qu'un haricot. Il s'était tenu à l'écart de la vie de son ancienne conquête et de l'enfant qu'elle portait, les protégeant dans l'ombre. Il n'avait jamais été confronté aux progrès, aux questions ou aux émotions de sa progéniture et jusqu'à maintenant, il n'avait jamais appréhendé ce sacrifice sous l'aspect émotionnel. Il avait vu Jill sourire, jouer, se lier aux jeunes gens de son âge, grandir, évoluer mais sans intervenir directement ou échanger avec elle en aucune façon que ce soit.

Alors, quand Jill révéla à ce qu'elle pensait n'être que le patron du bar qu'on lui avait posé un lapin, une vague de colère ronfla au creux de la poitrine de Dante. C'était la même colère qui le tenaillait lorsque, dans le passé, il découvrait qu'on complotait dans son dos ou qu'on préméditait une trahison. C'était le genre de colère à retourner le mobilier et à le fracasser sur de la chair humaine frémissante de trouille et de remords. Là où auparavant, il aurait littéralement explosé sans préambule ni signe avant-coureur, ici, Dante se contenta à peine d'un soupir plus appuyé que les autres bien que l'idée de "lâcher les chiens" sur la piste de l'indélicat fasse son petit bonhomme de chemin dans sa tête. Ca serait facile...si facile...il avait toujours les contacts, le réseau et les connaissances pour le faire. Innocemment, Jill lui demanda au bout de combien de temps, on pouvait considérer l'autre comme un salaud qui ne pointera pas. Surtout que ce dernier ne répond pas au téléphone. Un grincement de dents parvint des molaires de Dante mais il se contient toujours. Ca dépend de ta patience, Señorita, et de ton indulgence. Deux qualités qui ne sont pas très développées chez moi. répond-il en se fendant d'un demi-sourire. Et c'est pas peu dire. Malgré la réputation d'El Leon, il y avait toujours eu des cabrons pour douter des anecdotes courant à son sujet et prêt à titiller la Diable. Que cela soit du à un excès de burnes ou à de l'inconscience pure, les retards non signalés finissaient toujours par quelques phalanges brisées dans le meilleur des cas ou un passage à tabac en règle dans le pire. Engénéral, ça suffisait à rendre n'importe qui d'une ponctualité d'horloger suisse.

Les yeux posés sur la carte des boissons, Jill tardait à passer une commande. Elle n'avait bu que de l'eau à en juger par le verre toujours sur la table et Dante savait que ses "employés" consacrés à surveiller la demoiselle ne l'avaient jamais vu ivre. Même à la fac. Elle lui demanda quelque chose de fruité. C'est pas ce qu'on me demande le plus souvent. lâcha-t-il amusé en se redressant. De la bière la plupart du temps, quelques verres de vin pour les hipsters de passage, de l'eau de vie pour ceux ont eu une journée difficile et de la vraie tequila mexicaine pour les amateurs mais les choses fruités...ça courait pas le comptoir. D'ordinaire, il larguait ce genre de commande à ses employés plus jeunes que lui et qui n'avaient pas encore le palais travaillé par des années à siroter autre chose que les produits de seconde zone des grandes surfaces. Un jus de fruits frais accompagné de la tequila du patron? propose-t-il en arquant un sourcil. Offerts par la maison. Je veux pas qu'on associe le Purgatory à une mauvaise expérience.



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Dim 14 Oct - 5:16
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C’était ça l’horrible sentiment de solitude ? Sa mère lui avait souvent dit qu’elle était trop douce et trop gentille. « Un jour, ça va t’attirer des problèmes ma puce. » Elle avait entendu cette phrase tellement souvent. Jusqu’à maintenant, Jill s’en sortait plutôt bien, mais il était vrai qu’elle accordait sa confiance trop facilement. Elle n’aurait peut-être pas dû se confier à cet homme, elle ne savait pas trop. Elle ne comprenait pas encore comment un homme pensait exactement. Jamais l’idée d’être tombée sur un fou furieux à la recherche d’une proie ne lui traversa l’esprit. Et Dieu seul savait combien il pouvait en avoir dans cette ville et pourtant… Jill ne faisait pas attention. Ça arrivait qu’aux autres, non ? Et pour l’instant, le patron du bar ne lui laissait aucune raison de croire qu’il allait lui faire du mal, au contraire. « Je vois… Ma mère me reprocherait d’être trop indulgente et elle me dirait de l’envoyer balader. C’est ce que je dois faire ? Ou bien, je devrais peut-être ne rien dire. Je ne sais pas trop. J’y connais rien là-dedans. » Elle haussa les épaules. Qu’est-ce qu’il ferait le plus mal à un homme ? Se faire envoyer balader ou se prendre une tempête de vent si elle arrêtait de lui répondre ? « J’ai l’impression qu’il n’a pas aimé que je propose cet endroit. Il voulait venir directement chez moi… » Elle ne savait pas pourquoi elle confiait ça, mais trop tard, elle l’avait dit. Pour l’une des rares fois dans sa vie, elle avait été méfiante et elle avait préféré proposer un endroit public. Pour elle, c’était un rencard et une première rencontre. Pour lui, ça avait semblé être autre chose. Il devait seulement vouloir s’envoyer en l’air sans engagement.

Enfant trop sage et trop responsable. Sa mère l’avait poussé à essayer de vivre sa vie, à sortir dans les bars avec des copines, à se trouver un copain, mais Jill n’y avait jamais vu un réel intérêt. Elle ne regrettait rien. Au contraire, avec toutes les histoires qu’elle avait entendu de ses copines, elle était contente d’avoir été la conductrice désignée à toutes les soirées. On l’invitait que pour ça. Conduire avant et après. Honnêtement, ça lui convenait. Elle était plus de genre à rester dans son coin et à observer ce qui se passait sur la piste de danse. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. « Est-ce que je vous sors de votre zone de confort ? » demanda-t-elle légèrement taquine en observant autour d’elle. Il était vrai que la plupart des gens présents avaient une bière. « Ça me semble parfait ! » s’exclama-t-elle à la proposition du patron. Elle ne savait même pas quel goût pouvait avoir la téquila, elle ne pouvait pas s’en plaindre. « Merci c’est gentil. J’apprécie. » Elle lui offrit un doux sourire tandis qu’elle posa son menton dans sa main tout en observant le barman. « C’est la première fois que je viens ici. Pourtant, j’habitude le quartier depuis deux ans. C’est sympa comme endroit. Ça tourne bien ? » demanda la jeune femme curieuse d’en savoir plus sur cet endroit. Elle qui n’avait pas fréquenté beaucoup de bar dans sa vie n’avait pas énormément de comparatif, mais elle aimait bien l’ambiance de celui-ci. Il y avait un petit côté rassurant voire même familier. Elle ne saurait pas expliquer pourquoi exactement, mais elle se sentait à l’aise.

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Dim 4 Nov - 17:46
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Dante ne put retenir un sourire lorsque Jill évoqua le conseil que lui aurait donné sa mère, à savoir envoyer purement et simplement bouler l'indélicat mâle qui oserait lui poser un lapin. Et il n'en était absolument pas surpris. Sa relation avec la mère de Jill avait été volcanique, ponctuée de flamboyantes prises de tête qui s'achevaient dans une explosion des sens. S'il se concentrait quelques secondes, il était sûr de pouvoir se souvenir de l'intonation exacte de la voix de la seule femme qui ai réussi à s'imposer à lui. Lorsqu'elle se laissait porter par la colère, elle enchaînait les jurons tous plus affreux les uns que les autres mais toujours avec une certaine imagination graphique. Et c'est un chapelet d'insultes qu'elle n'aurait pas renié que Dante étouffa en entendant la suite des paroles de Jill. "Venir directement" chez elle...ben voyons. Il se contenta de serrer discrètement les poings tandis qu'un bref tic nerveux agita la commissure de ses lèvres. Un homme qui n'a pas la courtoisie de prévenir de son absence ou de son retard ne mérite pas ton intérêt, Señorita. dit-il. Et il vaut mieux ne pas laisser entrer d'inconnu chez soi. poursuit-il avant de s'éclipser pour préparer la commande de Jill. Lui tournant le dos, il se dirigea vers le bar et durant ces quelques enjambées, l'expression amène qu'il arborait devant sa fille se figea devenant pour le coup presque menaçante. Il se surprit à émettre silencieusement une requête à la Santa Muerte, invoquant les faveurs de son ancienne protectrice sur la tête de sa progéniture. C'est de manière brutale et sèche que ce soir, Dante comprend qu'il n'a jamais pu, ne peux et ne pourra jamais préserver sa fille de toutes les vicissitudes de la vie. A moins de devenir son ombre au sens propre ou de l'enfermer entre quatre murs et de devenir le père le plus haï de la planète. Ce n'est pas de manière discrète qu'il évacua cette frustration parentale que tout le monde éprouve quand son gamin se blesse la première fois. Mais lui, il a 23 ans de retard dans ce registre et l'éloignement qu'il s'est imposé durant ce temps le laisse démuni et sans défense face à la réalité de cette impuisssance. Sous les yeux médusés de la bande de Family Guy, Dante s'empare presque agressivement du couteau qui sert à découper les fruits pour les cocktails et se met à massacrer littéralement quelques pauvres agrumes laissant des écorces déchiquetées et dépouillées de toute chair. Aucun de ses piliers de comptoir ne bronche lorsqu'il ne quitte de nouveau le bar avec deux verres. Quand il a rejoint Jill, Dante affiche de nouveau une expression humaine et avenante, paré à reprendre la conversation en s'efforçant de garder le contrôle sur sa foutue impulsivité toute léonine.

Merci. réplique-t-il avec sincérité en entendant Jill qualifier les lieux de sympa. Ca ne fait que quelques mois que j'ai enfin réussi à rendre l'endroit fréquentable et donc à profiter de bons échos. répond-il en posant les boissons sur la table devant elle. En devenant plus "respectable" quitte à perdre du pognon en bannissant les clients qui devenaient cons avec l'alcool, le Purgatory avait gagné un peu plus de visibilité perdant son étiquette de boui boui en puissance pour celle de bar un peu old school où on peut passer une soirée relativement agréable. Il est vrai que les fauteurs de trouble se faisaient plus rares ces derniers jours. Il fallait croire que la réputation des phalanges du patron n'était maintenant plus à prouver et était parvenue jusqu'aux oreilles des petits délinquants. Embrassant du regard les lieux, Dante hocha la tête avant de reporter son attention sur Jill, un demi-sourire flottant sur ses lèvres. Je pense que je peux être satisfait de la manière dont ça tourne. Tout ce que Dante demandait à son établissement, c'était d'être capable de rémunérer son équipe sans qu'il ne puise dans ses réserves personnelles. Lui, il avait amassé suffisamment de dollars pour vivre sereinement jusqu'à ce que la Faucheuse se décide à venir le chercher. Bref, Alvarez tenait à rester dans les clous. Ses employés étaient persuadés que le Purgatory pouvait être plus lucratif en étant bien plus connu mais quand Dante les a entendu parler de "réseaux sociaux", de sites de notation, d'Internet et d'applications il avait tout balayé d'un revers de la main, se montrant obstinément borné quitte à passer pour un vieux con réac technophobe. N'en déplaise à la jeunesse qu'il embauche, il n'est pas venu ici avec un plan de carrière et de l'envie d'en découdre. Sa soif d'ambition avait été étanchée depuis des années dans la criminalité. C'est une retraite, le Purgatory, pas un nouveau projet dans lequel se lancer corps et âme. Je me débrouille bien pour un bleu. poursuit-il en retenant le poignet de Jill qui s'était emparée du verre de tequila. Celle-là, elle se sirote. dit-il avec un mouvement du menton en direction du liquide aussi clair et innocent que s'il était de l'eau.



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Jeu 15 Nov - 2:09
Toute rencontre nouvelle est susceptible d'éveiller l'impensable.


Jill était peut-être naïve sur certains points de la vie, mais elle était tout de même légèrement paranoïaque. Ça lui venait de sa mère qui n’avait jamais arrêté de lui dire de faire attention aux inconnus. Elle n’avait jamais rien vécu qui confirmait les mises en garde de sa mère, mais ça ne l’empêchait pas d’y penser à toutes les fois qu’elle se retrouvait dans une situation similaire. Est-ce pour ça qu’elle était toujours célibataire ? Car elle ne s’ouvrait pas suffisamment aux goûts des garçons ? Ou parce qu’elle n’ouvrait pas du tout les jambes ? Était-ce bête de rêver au prince charmant en 2018 et de ne pas chercher à avoir un énorme tableau de chasse ? Même si parfois elle se sentait seule et qu’elle désirait découvrir le plaisir charnel, elle n’était pas prête à se donner à n’importe qui. Elle préférait attendre encore quelques années avec bon espoir de trouver la personne qui lui fallait un jour. « Après c’était stupide de ma part de croire que cette application me ferait trouver… la bonne personne. » Elle roula les yeux. Elle connaissait pourtant la réputation de Tinder. Les gens l’utilisaient surtout pour se trouver un plan cul. Peu pouvait affirmer chercher l’amour ou bien, il le disait seulement pour séduire quelques femmes supplémentaires. Elle le savait mais elle s’était faite avoir. « Je vais continuer d’attendre. Il va bien arriver un jour. » Elle haussa les épaules. Elle voulait vraiment y croire. « Ne vous inquiétez pas. Personne ne rentre chez moi. Je suis une parano. » dit-elle en riant légèrement. Elle n’aurait même pas accepté de se faire reconduire pour que l’inconnu ne sache pas son adresse.

« C’est vraiment super pour vous! C’est votre premier bar ? » demanda-t-elle toujours en observant le petit bar qui était encore très peu occupé étant donné l’heure. Il était relativement tôt. Elle aussi gérait son propre commerce d’une certaine manière. Elle avait son blog et sa radio. Ce n’était pas exactement la même chose, mais elle savait comment ce n’était pas facile de se bâtir une clientèle. Il fallait savoir gagner la confiance des gens. Peut-être allait-elle faire une publicité sur cet endroit. La brunette sursauta légèrement lorsque le barman attrapa son bras pour l’empêcher de porter le livre à ses lèvres. « Oh d’accord. J’en prends note. » dit-elle avec un doux sourire en observant le contenu de son verre. Il est vrai que dans son état, elle aurait pu être porté à vouloir boire rapidement. Ce n’était pas une bonne chose pour elle qui ne buvait jamais, elle ne savait pas tenir l’alcool. « Au passage… Je m’appelle Jill. Merci beaucoup pour votre oreille attentive. » dit-elle afin de se présenter et qui sait… peut-être allait-elle pouvoir mettre un prénom sur le visage du barman. Visage qui pouvait avoir l’air très fermé voire très sévère, mais qui lui inspirait confiance. Étrange n’est-ce pas ? Finalement, Jill attrapa la paille du verre et prit une petite gorgée qui lui arracha une grimace. Pas que le goût était mauvais, mais elle n’en avait pas du tout l’habitude.

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